Parfois, je regrette que mon ouaiblogue ne me permette d'écrire, comme on pourrait le lire ailleurs sans aucune distanciation :
J'étais murgé à la sangria et je me suis tapé un mec qui avait un filet mignon entre les jambes.
Mais voilà. Je préfère définitivement vous parler du Voyage d'Hiver de Schubert que je redécouvre actuellement, encore et encore. Ce cycle de lieder sur des poèmes de Wilhelm Müller est d'une noirceur sublime. Et chaque lied en est un drame à lui tout seul, un théâtre du désespoir, quelques minutes et pourtant toute une vie dedans.
Mon préféré du moment, Auf dem Fluße, en est un exemple sidérant (Dietrich Fischer-Dieskau, Klaus Billing). Et je mets aussi le texte, car il s'impose autant que la musique...
Der du so lustig rauschtest,
du heller, Wilder Fluß,
wie still bist du geworden,
gibst keinen Scheidegruß !
Toi qui coulais naguère si joyeux,
Torrent clair et sauvage,
Comme te voilà silencieux,
Ne dis même pas un mot d'adieu.
Mit harter, starrer Rinde
hast du dich überdeckt,
liegst kalt und unbeweglich
im Sande ausgestreckt.
D'une carapace dure et glacée
Tu t'es recouvert
Et tu gis froid et immobile
Etiré sur le sable.
In deine ecke grab' ich
mit einemn spitzen Stein
den Namen meiner Liebstein
und Stund und Tag hinein :
D'une pierre pointue
J'ai gravé sur la glace
Le nom de ma bien-aimée
Et une heure et une date :
Den Tag des ersten Grußes,
den tag, an dem ich ging ;
um Nam' und Zahlen windet
sich ein zerbrocher Ring.
Le jour de la première rencontre,
Le jour de mon départ.
Ce nom et ces dates
Un anneau brisé les encercle
Mein Herz, in diesem Bache
erkennst du nun dein Bild ?
Ob's unter seiner Rinde
wohl auch so reißend scwillt ?
Mon coeur, en ce ruisseau
Reconnais-tu enfin ton image ?
Sous sa dure écorce,
S'enfle-t-il aussi impétueux ?