Récit d'un joyeux mercredi de remaniement ministériel. Politique à la tronçonneuse...

Publié le 28 mars 2014 par Cuicuinrv
J'ai rêvé...

Nous sommes mercredi 3 avril 2014 et je regarde nonchalamment une chaîne d'infos parce que la nouvelle composition du gouvernement va tomber incessamment. Il est 19h 15.J'aiguise tranquillement ma hache et nettoie ma tronçonneuse pour préparer mon nettoyage de printemps au jardin...Après des heures de "blabla" d'experts à la con commentant l'annonce de la démission de M. Jean-Marc Ayrault, on sent un frémissement devant l'Élysée. Une porte s'ouvre et le secrétaire général du Président s'approche du micro, une liste dans la main droite.



Il commence à égrener lentement les les nominations...Premier ministre : monsieur Manuel Valls...KO debout, ivre de fureur je saisis le manche de ma hache et casse brutalement en deux le buffet en chêne de Tata Angèle. La vaisselle se brise en un tintamarre assourdissant. Je me transforme en une bête féroce fumant par les naseaux...Ministre d'état, ministre de l'économie et des finances, du travail, de l'exportation, des PME, du CAC 40, monsieur Pascal Lamy.Un voile gris couvre mes yeux exorbités. Ce n'est plus de la colère mais de la rage ! Mes yeux s'attardent sur la table de tonton Toussaint en noyer. En deux minutes la table est débitée en petits planchettes de vingt centimètres de long sur sept de large. Je ne suis plus un homme. Même pas un monstre : juste un zombie possédé !Ministre de l'Intérieur, des collectivités, de la religion, des communes et des administrations rurales et citadines, monsieur François Rebsamen.Je me précipite sur la tronçonneuse, je mets le starter, tire sur le câble de démarrage, elle démarre en hoquetant après trois tentatives. Ma bouche est écumante, la bave glisse sur mon menton mal rasé. Je hurle. Je passe devant l'ordinateur et le cisaille en deux, provoquant des étincelles hallucinantes. Je suis possédé, je veux, que dis-je ? J'exige que le diable soit nommé ministre de la défense. Satan m'habite...Ministre de l'éducation, de l'écologie, des jeunes, des banlieues, et de la rédemption sociale par le travail et l'armée, madame Ségolène Royale.Je tombe inanimé sur le sol. Heureusement, la sécurité de la tronçonneuse fait son office, m'évitant de justesse l'amputation des deux jambes. Je pleure convulsivement. Je veux ma maman, Je deviens un nourrisson exigeant. Satan ne m'habite plus, non. Je suis devenu un bébé obèse gémissant réclamant le sein de sa maman ! Ministre de la défense nationale et des conquêtes, monsieur Christophe Cambadélis. 
Je reprends ma tronçonneuse, vais dans la pièce d'à coté, détruis jusqu'à le réduire en miettes la superbe armoire en palissandre de mamy Antoinette. Le linge est lacéré, Je troue le mur avec la chaîne de la tronçonneuse : je fabrique une sorte de fenêtre entre la chambre et le salon. Je suis fou. Non pas fou : je suis devenu UNE tronçonneuse humaine...

Ministre de l'ouverture et des conseils économiques, de l'internationalisation des entreprises, de l'exportation et de l'amitié entre les citoyens, les banques et le MEDEF, monsieur Dominique Strauss-Kahn.
Nicolas Sarkozy aurait pu sans mal composer une telle équipe de libéraux !
C'en est trop ! Un cri bestial sort de mon gosier. Tellement puissant qu'il me fait peur ! Je récupère le vieux tromblon chargé de clous rouillés et de boulons de grand papy Hyacinthe et tire au jugé sur le portrait à l'huile d'oncle Ours (oui, oui, un vieux prénom corse), surnommé "u grizzly" (le grizzly)  le terrible et cruel député maire de son village corse en 1895 et réélu 10 fois de suite jusqu'à ses 102 ans lorsqu'il succomba à un mystérieux attentat.Je n'ai pu saisir toutes les nominations mais j'ai entendu le discours de clôture contenant les termes et expressions suivantes : "les Français ont besoin d'explications", "notre politique va donner des résultats", "la lutte contre le chômage est prioritaire", "le président a compris la colère des Français", "travail, famille", "pacte de solidarité," "les entreprises sont la base de nos emplois", "politique de l'offre", "pacte de compétitivité", "bout du tunnel", "patience", "les premiers signes d'une reprise".
À genoux, d'une voix sépulcrale j'ai hurlé m'adressant au ciel : "pitié, nous ne méritions pas un tel châtiment ! Qu'ont fait les Français au monde pour hériter d'une telle équipe ?"
Assommé par une douleur morale insoutenable, je me jetai sur le sol.

Pendant que je pleurai convulsivement, allongé sur le ventre, en martelant le sol de mes petits poings rageurs, j'entendis le hurlement strident d'une sirène. Il s'agissait de l'ambulance des infirmiers de l'hôpital psychiatrique qui venaient me chercher.

Heureusement, je me suis réveillé. J'étais en sueur, pâle et tremblant.
. Monsieur le président François Hollande, je vous en conjure, faîtes que mon horrible cauchemar ne se transforme pas en réalité sinon, vous n'aurez hélas plus la joie et le bonheur de me lire sur ce blog divin. 
Les bras entravés par une camisole de force et accompagné de deux gigantesques infirmiers, il sera alors difficile de m'exprimer pour vous prévenir des limites libérales à ne pas franchir pour assurer votre future réélection...
Merci d'avance.
Histoire de faire dans le populisme culturel, ce texte se veut un hommage bien dérisoire  au théâtre du Grand-Guignol qui manque cruellement à cette époque si pusillanime et si mièvre.
Poil aux lèvres.