Je sais, je sais, il manque un dernier épisode à ce feuilleton sur le monde des blogs – j'en écrirai un bonus, pour la peine. Mais là, allez comprendre, une impulsion...
En cette semaine où se sont multipliés les micro-trottoirs d'électeurs, les expressions vidées de sens (salut à toi, "front républicain"), les mots d'ordre creux ("faire barrage au Front national") et quelques résistants auront été portés au pinacle (Olivier Py, ce héros) – bref, en attendant le Second tour, plutôt que de m'énerver contre la bêtise salonnarde et contre-productive des âmes pures qui avec courage se battent le slogan à la bouche contre la bête immonde et l'extrême droite, je leur conseillerais bien de lire deux livres.
C'est surtout l'occasion pour l'auteur de donner la parole à deux cadres du parti – deux figures classiques de l'extrême-droite : le bourgeois patriote et provocateur d'un côté (compagnon de "la fille du Chef" qui a pris les rênes du parti), l'ancien skin de l'autre, p'tit gars du Nord minier devenu patron des "groupes de protection" du Bloc. Le FN en costume et le FN en rangers, en quelque sorte, réunis par une foi dans le Parti et un goût pour la violence. C'est étrange de les voir ainsi de l'intérieur, de s'identifier jusqu'à les trouver sympathiques – comme un défi à nos convictions, un appel à les réinterroger au-delà de la pensée unique et des phrases toutes faites. Au sens étymologique, on appelle ça de l'intelligence. Et à l'évidence, Jérôme Leroy n'en manque pas, qui réussit un roman sur le Front sans jamais tomber dans la dénonciation. Bravo.
J'étais à Vienne pendant ces jours historiques et je n'ai rien vu de ces événements décisifs qui s'y jouaient, et je n'en ai rien su, absolument rien.
L'immense force de Zweig, c'est de noter, plus que les soubresauts de l'Histoire, les mécanismes humains qui font accepter l'inacceptable et basculer des pays entiers. Ca s'est passé en Europe dans les années 30, mais aussi un peu partout dans le monde et à toutes les époques.
Aussi, à tous ceux, pénibles et godwiniens, qui ramènent invariablement la politique à Hitler et aux heures les plus sombres de notre histoire, je conseille ardemment de lire Zweig. On en reparle après.
Bonne lecture, et bon vote.