L’Angleterre au 17eme siècle est en pleine guerre Civile. Au milieu du chaos, un astrologue nommé Whitehead est missionné par son maitre (un fameux alchimiste) afin de retrouver un certain O’Neill responsable du vol de plusieurs de ses manuscrits. Fuyant la bataille, Whitehead se retrouve en compagnie de trois autres déserteurs à errer dans un champ. L’un d’eux les guide vers une taverne providentielle où ils pourront étancher leur soif loin des conflits. C’est un leurre et ils se retrouvent vite sous l’emprise maléfique d’O’Neill .
Difficilement résumable, « A field in England » est une vraie expérience de cinéma. C’est l’œuvre d’un petit génie de la mise en scène qui en l’espace de trois ans a réaliser coup sur coup quatre films absolument brillantissimes. En effet, Ben Wheatley a fait beaucoup parlé de lui dans les milieux cinéphiles ces dernières années, récoltant une pléthore de prix dans divers festivals. Il en faut pas plus pour que la presse spécialisé le proclame sauveur du cinéma Anglais. Avec sa coscénariste (et compagnes)Amy Jump ils forment un tandem redoutable capable de transcender n’importe quel genre. Il y eu d’abord le polar familial avec « Down Terrace », puis le thriller horrifique avec le traumatisant « Kill List » et enfin la comédie noire avec le désopilant « Les Touristes ». Même si ils abordent des genres différents, leurs films partagent une même vision pessimiste du monde et une approche sans concession de la violence. De plus Wheatley se révèle être un directeur d’acteur impressionnant, donnant ainsi l’opportunité à des comédiens jusque-là cantonnés à des rôles de télévision de donner des interprétations incroyables (comme le génial Michael Smiley présent dans quasiment tout leurs films).
« A field in England » (ou « English Revolution » en français), n’évoque que très peu la révolution anglaise. C’est un prétexte pour filmer dans une unité de lieu et d’action cinq comédiens intoxiqués par des champignons hallucinogènes. Je sais … dis comme ça, ça peu faire peur. Néanmoins Wheatley parviens à garder l’attention du spectateur tout le long. Dans sa première partie on se laisse happer par l’ambiance bucolique du film et l’humour particulier des dialogues. Une fois que le personnage d’Oneill apparait, le film se transforme complètement pour devenir un récit initiatique (ou d’émancipation) qui convoque à la fois Buñuel, Jodorowsky ou Peter Greenaway (avec des scènes stroboscopiques à la clef qui vous décollent littéralement le cerveau). Pour peu que l’on y soit sensible, le film parvient à vous immerger totalement dans un autre monde et vous donne l’impression par moment d’être en plein trip. A cet effet, un travail méticuleux a été réalisé sur le son et le montage. De plus on peut s’amuser à spéculer à loisir sur le véritable sens du film. S’agit-il d’un rêve ? Du purgatoire ? D’une faille spatio-temporelle ou d’un méchant retour d’acide ? Heureusement l’humour permanent permet au film de rester ludique et de ne pas être un objet trop froid et intellectuel, car c'est en verité une œuvre chaleureuse et picaresque.
Mais au fond on ne sait pas trop d’où provient la fascination qu’exerce "A Field in England". Car c’est un film très mystérieuse et totalement unique dans son fond comme dans sa forme et qui refuse de se faire emprisonner dans un seul genre. Est-ce du théâtre expérimental ? Une balade folk ? Ou bien un film de fantômes comme le définit son réalisateur ? Peut importe au final, tant le voyage en vaut la peine. Pas étonnant que des réalisateurs aussi prestigieux que Nicolas Roeg ou Martin Scorsese lui aient déclaré un amour inconditionnel.