Philippe Saurel, le dissident socialiste, l’a donc emporté à Montpellier. Un ami narbonnais, amateur d’art contemporain comme lui, qui le connaît très bien, me disait de ce dentiste, mis en piste par Georges Frêche, que ce garçon n’avait qu’une seule idée en tête depuis son entrée en politique : être un jour maire de Montpellier. Par tous les moyens ! Comme son mentor, qui, un jour de 1985, je venais d'arriver à la Région, me sortit cette phrase stupéfiante à la terrasse d’un bistrot, près de la préfecture : « J’ai pris Montpellier , comme on prend une p… et s’il avait fallu être RPR pour ce faire, je l’aurais été… » . Aujourd’hui, certains qui, après avoir crié à la trahison saurélienne se préparent à retourner leurs consciences afin de préserver leurs mandats, s’étonnent de ces pratiques si peu morales. Ainsi, le seul fait de citer Jaurès le soir de sa victoire, vaudrait à Saurel les félicitations de ceux et celles qui hier le traitaient de « salaud ». Je ne suis pas sur que la petite histoire que je vais vous raconter ait à voir avec les évènements actuels, mais si je vous la livre, c’est parce qu’elle me semble tout à fait caractéristique de ces moeurs montpelliéraines . C’était donc en 1998, aux régionales. Au soir du 15 mars 1998, aucune majorité absolue ne s'était dégagée des urnes en Languedoc-Roussillon. Pour 67 membres du Conseil Régional, on en comptait 31 à gauche (20 PS, 8 PC, 1 MDC et 2 PRG), 22 à droite (10 UDF, 11 RPR et 1 Divers Droite), 13 au Front National, 1 CPNT. Il fallait donc en effet un accord massif du FN, et une absence presque totale de défection à droite à l'égard de cette stratégie d'alliance pour que Jacques Blanc conserve, à droite, la présidence du Conseil Régional. Georges Frêche avait bien tenté de mobiliser toutes les troupes régionales, et notamment les milieux intellectuels montpelliérains, afin de faire plier Jacques Blanc, mais si le coup était jouable, très rapidement il finit par comprendre que Blanc ne céderait jamais et qu’il fallait passer à autre chose. Aussi, et parce qu’il avait les clefs de la survie de son adversaire par le vote de son groupe sur un budget gros d’un important volet contractuel avec l’Etat, c’est en toute discrétion, j’en sais quelque chose, qu’avec des calculettes à la main , nous fîmes, entre « technos » quelques allers-retours entre l’Hôtel de Ville et l’ Hôtel de Région . Une fois les contreparties financières du futur budget Régional et du Contrat de plan décidées au bénéfice de Montpellier, et le « marché » validé et conclu entre Blanc et Frêche , ne restait plus qu’à le « vendre » au groupe socialiste du Conseil Régional. C’est Max Lévita, je le revois encore dans l’ascenseur, pâle, qui fit le boulot ce jour là … Inutile de préciser, on l’aura compris, que, chaque année, le budget de la Région présidée par Jacques Blanc a été voté pendant tout son mandat grâce à la bienveillante abstention du groupe socialiste … Sur la place publique, la lutte contre « le fascisme » continuait !…