Je suis à la plage. Je scrute les coquillages et cherche le bon angle carré. Il faut que ça rentre quitte à creuser un trou et y mettre ma tête: ce coquillage doit tenir. Il le faut!
Je choisis le filtre et je lance.
Ma photo se retrouve balancée dans l’hyper espace de l’internet mondial. Instagram cette immense salle en plein air où se rencontrent des images de bouffe, de pieds, de vernis et de bouffe. Le temple du selfie inintéressant et ô combien narcissique. J’aime m’y promener, m’y prélasser et y jeter mes clichés.
Et puis plus rien. Le silence qui succède à l’excitation.
L’attente interminable.
Je guette ma dope avec frénésie. Des sueurs froides me saisissent, des tremblements s’emparent de mon corps. Le manque s’empare de moi.
Moi, Emmanuelle, 22 ans, je suis addict aux likes.
Je suis tombée dedans un peu par hasard. D’icq en irc je suis hypra connectée.
Mon pouls bat au rythme des followers, des likes et des visiteurs.
J’en ai pleins je suis populaire, et je retrouve cette gamine avec ses stan smith customisées et son agenda rempli de mots d’amis. Je suis déléguée. Je suis aimée. J’en ai besoin, ça me fait du bien. J’oublie ces lunettes et cet acné.
Les années ont tout de même passées. J’ai pris du recul et me suis affirmée. J’ai du caractère et ne reste pas dans la superficialité. J’ai appris à aimer les gens pour ce qu’ils sont et non ce qu’ils montrent.
J’ai survécu et je garde la tête froide. je ne fais pas l’amalgame entre mes stats et moi. Je ne suis pas mon blog, je ne suis pas vos likes, je ne suis pas ces chiffres. Je m’en amuse et aime les collectionner comme ces fèves entassées dans cette boite pleine de poussière.
Et si j’étai ado aujourd’hui quelle utilisation ferais-je de ces réseaux sociaux. Garderais-je la tête froide? La popularité des cours de récré accrochés au fil du téléphone n’est plus. Désormais le cordon est différent. Les modes de communication ont évolué. Nous avons connu la naissance de facebook eux grandissent avec. La semaine dernière je suis allée au lancement du clip maux d’enfants avec Patrick Bruel. Le message est direct et percutant; il parle du cyber harcèlement dont peuvent être victimes certains, un peu plus fragiles, un peu plus seuls. En tant que parents nous avons le devoir d’être vigilant. Je vous conseille vivement d’aller faire un tour sur le site de l’asso e-enfance. Et puis ce clip à regarder: maux d’enfants, parce que ça n’arrive pas u’aux autres et il vaut mieux être informé!