Quel étrange rêve. J’ai vu l’océan couler dans l’espace. J’étais comme un passager extérieur en orbite autour de ma planète.
J’ai assisté de manière privilégiée et en direct à la disparition des lois basiques de la gravitation.
Une gigantesque masse d’eau tourmentée s’échappait en fuyant dans le vide sidéral, incolore, en se détachant brutalement de la surface de la Terre.
Notre Terre mise à nu, nue comme une grosse boule en pierre.
C’est l’Atlantique, dans mes souvenirs, qui s’est dirigée aveuglément vers la Lune, et qui l’a percutée avec une violence inouïe, changeant au passage l’axe de sa rotation autour de la Terre.
Mais à quoi bon maintenant, tourner autour d’une planète vidée de 75 % de sa substance ?
Et l’eau, par milliards de mètres cubes se déversait de toutes parts, les rivières, les mares, la moindre flaque et toute la sueur des terriens angoissés par ce spectacle terrifiant.
Sueur. C’est la sensation que j’ai éprouvée en me réveillant brutalement, ahuri, inquiet, submergé et suffoquant. Survivant.
Étais-je du bon côté de ma planète ? Celui où l’on risque moins de tomber la renverse, arraché du sol, condamné à errer à la dérive parmi les cadavres flottants jusqu’à ce qu’une étoile, notre soleil ?, n’assèche définitivement toute trace d’humidité, et de vie.
Petit à petit, je pris enfin conscience que tout cela n’était que de la fiction. Noyé dans mes pensées.