Un éloge funèbre, par un physicien

Publié le 09 avril 2014 par Hesperide @IsaBauthian

Mot-clef du jour : « pleine lune le 06 05 12 et sante »

Ca fait un petit moment que j’ai envie de bosser dans la traduction anglais –> français. Du coup, pour montrer ce que je sais faire, je vais en poster quelques-unes ici. Ça me donnera l’occasion de faire partager des textes que j’ai trouvés intéressants.

Voici donc Eulogy from a physicist, d’Aaron Freeman, journaliste et comédien de stand-up américain. Je ne sais pas si c’était le choix le plus judicieux vu que l’original est sensé se déclamer un brin et que, du tout, les répétitions volontaires abondent mais ne sonnent pas aussi bien à l’écrit. M’enfin bon. Ca reste un très joli texte, dont vous pouvez lire l’original ici et l’écouter .

Un éloge funèbre, par un physicien

Il faut qu’un physicien fasse votre oraison funèbre. Il faut qu’il explique à votre famille endeuillée le principe de conservation de l’énergie, afin qu’ils comprennent que votre énergie n’a pas disparu. Il faut que le physicien évoque à votre mère en larmes la première loi de la thermodynamique : aucune énergie n’est créée dans l’Univers et aucune n’est détruite. Il faut que votre mère sache que toute votre énergie, chaque vibration, chaque calorie, chaque onde de chaque particule de ce qui fut son enfant bien-aimé demeure à ses côtés dans ce monde. Il faut que le physicien dise à votre père en larmes que, parmi toutes les énergies du cosmos, vous n’avez pas démérité.

Vous pouvez espérer qu’à un moment, le physicien descendra de la chaire, marchera vers votre épouse éplorée sur son banc et lui dira que tous les photons qui ont un jour rebondi sur votre visage, toutes les particules dont le chemin a été interrompu par votre sourire, par le contact avec vos cheveux, des centaines de milliers de milliards de particules ont infléchi leur trajectoire comme l’auraient fait des enfants, leurs chemins changés par vous pour toujours. Et, alors qu’elle tombe dans les bras réconfortants de votre famille aimante, puisse le physicien lui faire savoir que tous les photons qui ont rebondi sur vous se sont rassemblés sur les détecteurs qui constituent ses yeux et que ces photons ont créé, à travers elle, des constellations de neurones électromagnétiquement chargés dont l’énergie persistera à jamais.

Et le physicien rappellera à l’assemblée qu’une partie de votre énergie se transforme en chaleur. Peut-être que certains s’éventeront avec leur programme au même moment. Et il leur dira que la chaleur qui s’est épanchée à travers vous durant toute votre vie est encore présente, qu’elle fait toujours partie de tout ce que nous sommes alors même que, tout en pleurant, nous entretenons la chaleur de nos propres existences.

Et il faudra que le physicien explique à ceux qui vous ont aimé qu’ils n’ont pas besoin d’avoir la foi. Non, ils n’ont pas besoin de croire. Qu’ils sachent qu’ils peuvent mesurer, que les scientifiques ont mesuré précisément la conservation de l’énergie et l’ont démontrée exacte, vérifiable et cohérente à l’échelle de  l’espace et à celle du temps. Vous pouvez espérer que vos proches examineront les preuves et seront heureux d’apprendre que la science est solide, et qu’ils seront réconfortés à l’idée que votre énergie est toujours là. Que, d’après la loi de la conservation de l’énergie, rien de vous n’a disparu. Vous êtes juste moins ordonné.

Amen.