Bonaparte à Lodi.
La vie de Napoléon est si riche d'événements qu'il est difficile de la résumer en une seule image. Le couronnement symbolise le moment charnière où le général Bonaparte a atteint l'objectif le plus sublime qu'un homme d'origine quelconque puisse atteindre dans une société occidentale. L'autre partie de sa vie sera celle d'un souverain cherchant à conserver son pouvoir avant que la perte de ses facultés et la maladie l'obligent à desserrer son étreinte.
Pour l'histoire, autant le jeune Bonaparte symbolise l'action et l'enthousiasme liés à une intelligence exceptionnelle (mais aussi beaucoup de chance), autant Napoléon 1er nous montre l'image d'un homme mûr avant l'âge, autoritaire et orgueilleux jusqu'à l'insupportable (c'est surtout ce qui transparait aujourd'hui d'après le bilan négatif qui en ressort).
Voici le carton d'invitation que j'avais imprimé à l'occasion de l'accrochage de mon tableau "Bonaparte à Lodi" dans le cadre du Salon des Artistes Français au Grand Palais en 1969, tableau accepté par les membres du jury.
1969 marquait le bicentenaire de la naissance de Napoléon Bonaparte, une raison du pourquoi de mon sujet qui m'avait été inspiré par un texte de Benoist-Méchin extrait de son "Bonaparte en Egypte". C'est à la bataille de Lodi (le 10 mai 1796) que Bonaparte prit conscience de son destin qui allait largement plus loin que celui d'un général victorieux sur le terrain mais comme un homme capable de diriger une nation au même titre qu'un souverain et fondateur d'une dynastie, confidence faite à son secrétaire Bourienne en rajoutant "Je me vis dans l'Histoire".
Rien ne peut mieux définir un destin aussi exceptionnel que le moment où Bonaparte réalise que sa trajectoire n'a plus de limite dans un monde en plein bouleversement et qu'il semble être le seul a pouvoir y remettre de l'ordre.
Mon image est sommaire mais forte comme une affiche publicitaire. Bonaparte domine ses soldats issus de l'Armée des volontaires de l'An II, comme un océan bicolore (le blanc, couleur royale, est banni) et dont les baïonnettes alignées indiquent l'ordre et la discipline, dans l'attente de l'attaque, galvanisée par un seul chef. Ce tableau est aujourd'hui quelque part chez un collectionneur, peut-être le même depuis 22 ans.
Dans quinze jours je vous décrypterai mon tableau consacré à l'offrande de la lune à la Vierge Marie par les trois cosmonautes qui les premiers, ont foulé son sol. Ce tableau fut réalisé six mois après l'événement.
Alain de Jenlis