Pendant mon séjour dans le sud, j’ai commencé à écrire une nouvelle. Pour le concours Des nouvelles de Gatineau. Un petit cinq pages, mais rien d’autre.
Avant mon départ, j’avais envoyé un manuscrit à trois éditeurs. Pendant mon séjour, j’ai reçu un courriel de l’un d’eux. À la fin du courriel où il refusait de publier mon manuscrit dans l’état actuel, il me demandait si j’étais prête pour un «travail de refonte considérable». Le teint bronzé, les pieds nus, un petit vent chaud dans mes cheveux, bien sûr, j’étais prête à tout. Je me sentais forte et ragaillardie.
Mais voilà que jeudi prochain, je le rencontre, je relirai avec lui les commentaires et les suggestions des lecteurs du comité. Je n’appréhende pas la rencontre, mais je me sens moins forte devant ce travail colossal. J’aurais le goût de lui servir la phrase assassine de Simone de Beauvoir quand son éditeur lui a demandé de réécrire Les Mandarins. Elle a dit non et l’éditeur a publié tel quel. Je sais bien que je ne peux pas me permettre un tel non, mais pour l’instant, je suis dans le déni, c’est certain.
Ce n’est pas un roman parce qu’il n’y a pas d’intrigue : et alors, ce sera un récit ou pas, juste un texte de fiction. Pourquoi faut-il une intrigue? Et puis il y en a, mais elle est ténue.
C’est un texte linéaire : bien oui et après? Je ne suis pas Catherine Leroux pour écrire de courts paragraphes comme autant de pièces d’un casse-tête. Le personnage nait, vit et meurt. C’est si ennuyant que ça?
Je résiste parce que je vois pas comment changer ces deux réalités, l'ampleur de la tâche ne m'effraierait pas tant si mon cerveau savait comment remédier à ces deux questions. Du reste, j'en conviens : vocabulaire peu recherché, peu d’effets stylistiques… là, oui, je me sens capable d’amélioration, comme une élève qui passera du secondaire au cégep ou mieux, à l’université. À défaut du talent naturel et d’imagination fertile, le travail palliera-t-il cette difficulté?
Ah ! si jeudi peut arriver et passer, que je m’attaque à cette refonte. Sans rechigner à chaque ligne. Et finalement, avec succès.