Le « mariage indien » (je devrais dire le mariage hindou pour être exacte) a déjà fait couler beaucoup d’encre, fait l’objet de beaucoup de films, occasionné nombreux voyages en Inde. Bref c’est une institution. Je m’efforce ici d’y comprendre quelque chose !!
Alors voici comment ça se passe – dans les grandes lignes, et en général (il y a des différences notables suivant les régions et les castes).
1. Les pourparlers et les graines
Le futur marié doit commencer par faire vœu de sainteté (brahmacharya) et refuser le mariage. Le père de la mariée doit alors le convaincre de renoncer et d’épouser sa fille.
La-dite fille sème ensuite 9 graines dans des pots en terre, à temps pour que ça ait germé le jour J ; c’est le symbole de la fertilité dans le mariage. Pour bien faire elle invoque simultanément la Déesse Gowri Devi, icône de la femme idéale.
2. La cérémonie du Tilak
Traditionnellement, le père et autres mâles de la famille de la promise vont chez le promis et, comme pour sceller le pacte, lui appliquent de la pâte vermillon sur le front (tilak) puis lui font des cadeaux. En retour, il envoie des présents dans sa future belle-famille.
3. Les fiançailles et le sagai
Durant cette cérémonie, il y a échange de bagues en or. Lors du sagai, parfois couplé avec les fiançailles, la belle-mère offre des bijoux, des vêtements, du maquillage et des jouets pour bébé. C’est là qu’est fixée la date du mariage.
4. Le sangeet (évènement traditionnellement plutôt nord-indien)
Les femmes du côté de la fiancée se réunissent avec force musique, danses, snacks et papotages.
5. Pitthi et Mehndi
La femme (et aussi l’homme si il veut) se retrouve enduite d’une pâte à base de curcuma, de farine de pois et d’eau ou d’huile, histoire d’être purifiée et d’avoir une belle peau le jour J.
S’ensuit la peinture au henné sur les mains et les pieds (le mehndi). Selon la croyance, plus le henné est foncé plus le mari aimera sa femme, et selon la tradition, la femme ne doit plus sortir après l’application du henné et ne reprendra les travaux ménagers qu’une fois le henné effacé.
6. L’arrivée des époux
7. Le mandap, ou le mariage proprement dit
On arrive enfin au moment où le prêtre va accomplir ses rituels. Ne sont présent sur la scène que les mariés et leurs parents. Les autres invités sont libres d’assister mais en profitent généralement pour discuter ou boustifailler.
En gros, pendant le mandap, voici ce qui se passe : après une prière pour Ganesh, le marié est considéré comme une incarnation du Dieu Vishnou et on le vénère en tant que tel. La fille est parée d’or et offerte par le père comme femme à Vishnou. Les mains des époux sont jointes pour signifier l’union mais ils sont toujours séparés par un drap et ne se voient pas. Par-dessus le drap, ils placent sur le haut du crâne de l’autre une pâte à base de graines de cumin et de sucre de canne (la pâte ayant une énergie positive) et le rideau tombe !!
Le marié noue ensuite une corde faite d’herbes autour de la taille de sa promise, pour la soutenir dans ses nouvelles responsabilités (apparemment les Hindous se nouent une corde autour de la taille pour protéger leur colonne vertébrale dans l’effort). Il la dénouera à la fin du mandap.
Il lui passe un collier avec deux pendants en or (Mangalya)
Un peu de fun ensuite : les mariés s’inondent mutuellement de riz mélangé à du safran et du curcuma, avant Homam, la cérémonie du feu sacré : sept petits tours et puis s’en vont !
Pour finir, le marié chope le pied gauche de sa belle et le place sur une pierre (« sois forte comme cette pierre et ne te laisse pas abattre par les épreuves de la vie »), et passe des anneaux d’argent (mettelu) à ses doigts de pied. Ils regardent les étoiles ensemble tandis qu’on leur rappelle qu’ils doivent mener une vie aussi stable que les astres.
Ils rompent leur jeun en se nourrissant l’un l’autre. Et ils nourrissent le feu sacré avec du ghee (une espèce de graisse).
Il y aussi d’autres coutumes marrantes : quand le marié se fait voler ses chaussures par la belle-famille et doit négocier pour les racheter, quand le frère de la mariée tord les oreilles de son beau-frère pour le mettre en garde contre un mauvais comportement ou qu’il doit lui laver les pieds, le fait qu’après la marche autour du feu la mariée ait le droit de s’asseoir à gauche de son époux, plus près de son cœur, l’échange de noix de coco (symbole de fertilité) entre mariés dans certaines communautés etc.
Tout au long du mariage il y a bien évidemment festins (alcoolisés ou pas, suivant les religions, les castes, les familles) et danses ! Mais là aussi ça dépend des régions. Les mariages à la Bollywood sont surtout des mariages du Nord (notamment du Punjab) alors que les gens du Sud (surtout au Kerala) sont plus discrets, moins expressifs, plus simples (l’important c’est de bien manger !)…
Sources : http://suravajhala.hubpages.com/hub/Hindu-marriage-secrets-behind-the-tradition ; http://www.culturalindia.net/weddings/wedding-rituals/ ; http://www.thecultureist.com/2013/05/31/vivaah-traditional-indian-wedding-ceremony-rituals/