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Ce jour où j'ai eu peur... Cette peur qui m'habite !

Publié le 22 avril 2014 par Juliette Conboudu @Conboudu_Blog
Ce jour où j'ai eu peur... Cette peur qui m'habite !

Ce jour où j'ai eu peur...
... de ne pas voir grandir mes filles, 

... et d'éprouver le sentiment de n'avoir rien accomplie, je n'ai pas eu le temps,
... de mourir...

Plein de scénarios dans mon esprit pendant des semaines, des jours, des heures...
Des nuits à me tourmenter et à garder pour moi cette souffrance tant que possible.
Des minutes à essayer de reprendre mes esprits pour ne pas laisser couler ces larmes, synonymes de terreur, devant mes filles.
Des secondes à me mordre les lèvres pour m'empêcher d'exprimer ma peur à zhom...


Oui, toutes mes craintes je les garde pour moi tant que possible pour plusieurs raisons.
La première, pour ne pas alimenter ma peur.
La seconde, pour ne pas plomber l'ambiance.
La troisière, pour ne pas saouler car oui, quand j'exprime une peur j'agace certaines personnes alors je me renferme...
Je suis hypochondriaque et je me soigne... 

Je vais bien mieux même grâce à une thérapie.
Cette phobie, je sais d'où elle vient. Petite fille ma mère m'a transmise cette phobie.

Je me souviendrais toujours de ce soir de vacances en Dordogne où ma "génitrice" s'approcha de mon lit et me dit :"prie Juliette pour que je n'ai pas de cancer"
J'ai toujours été une enfant angoissée, survivant avec les peurs de cette mère qui tenait debout grâce aux antidépresseurs. 
Je lui exprimais que j'avais peur de la mort, peur de perdre ma maman. Je l'avais déjà perdue en définitive sans le savoir et ce, depuis ma naissance. Je la voyais chaque jour se scruter le corps à la recherche d'une boule, d'une anomalie...


Cette peur, cette phobie, cette pathologie... Elle me l'a transmise...
Rien que de l'écrire j'ai une "boule" dans la gorge, les viscères qui se resserrent, des frissons qui me parcourent... Pourtant je ne suis pas malade. Le simple fait de coucher ses mots, enfin, depuis des années, fait ressortir une émotion importante.
Cette hypochondrie je la combat au quotidien, je me sens bien mieux.
Pourtant j
'ai peur pour mes filles, pour mon conjoint, pour les amis et pour les gens que je ne connais pas vraiment même, si quelque chose ne va pas. J'éprouve ce besoin d'être présente, de les rassurer pour qu'ils ne restent pas seuls avec leurs angoisses comme j'ai pu le vivre pendant 25 ans au moins.

Penser au pire je ne devrais pas mais c'est parfois plus fort que moi.
À la sortie de la maternité, le 14 février dernier, nous sommes ressorties malades Minibout et moi. Le lendemain, conjonctivite pour Minibout, glaires et engorgement pour moi, 39 de fièvre. Je décide d'appeler le médecin. 1heure après ma prise de rendez vous, Minibout avale de travers, j'étais à la douche. Et puis elle tousse, elle pleure par intermittence... Je me sèche difficilement et d'un coup j'entends les pas lourds et rapides de zhom qui tient Minibout à bout de bras, lui livide, elle agonisante... Minibout à de grandes difficultés à respirer et à reprendre son souffle, elle commence à rougir d'énervement puis ses lèvres commencent à bleuir.
J'appelle le SAMU, zhom part pendant ce temps à la pharmacie acheter un mouche bébé pour tenter d'aspirer les glaires qui l'encombrent. Je suis toutes les instructions du pédiatre du Samu, zhom revient et il l'aspire en même temps que je lui dicte le comportement à avoir. Je pleure, je suis encore nue car pas eu le temps de m'habiller pourtant j'ai chaud tellement je suis terrorisée, la fièvre jouant peut être aussi un rôle mineur. Et à côté, Mininous, qui reste au chevet de sa soeur, qui nous regarde nous affoler et qui pourtant ne dit rien. Je ne peux pas la protéger, la mettre à l'écart et lui expliquer que tout se passera bien. Sur le coup, je ne pense pas à elle et je culpabilise aujourd'hui d'avoir créer ce schéma d'angoisse dans son cerveau.
Aujourd'hui, tout va bien. Nous connaissons maintenant les gestes à avoir si cela se reproduit et ça se reproduit assez régulièrement d'ailleurs.

 


15 jours plus tard, après ces événements, je retourne en urgence chez le médecin, paniquée. Nous sentons avec la généraliste une masse sur mon sein droit. Elle ne peut pas m'assurer à 100% que ce n'est rien. Une chose est sûre, ce n'est pas une "boule de lait". Elle me prend immédiatement rendez-vous en service d'échographie à faire en suivant.


Horrible journée entre l'attente angoissante du RDV du médecin, entendre qu'il y a une une masse qu'il faut vite vérifier...

Je suis seule à ce moment avec mes filles, je dois essayer de les gérer au mieux avec cette angoisse qui m'envahie et me fait couler les larmes sans pouvoir les retenir. Je pense à tout, au cancer, au traitement et à l'éventualité de ne jamais voir mes filles grandir, de ne pas leur avoir donné assez d'amour.

Putain (désolée de cette grossierté), je viens d'accoucher, pourquoi maintenant ? Pourquoi moi ? Pourquoi ne puis-je pas pour une fois profiter d'un bonheur sans tâche ? J'en veux à la terre entière. 
L'échographie se veut rassurante. Moi, je n'ai pas une confiance totale en le radiologue, qui ne trouvait pas la "boule" et à qui j'ai du placer la main quasiment sur mon sein pour qu'il la sente. Tout ceci, devant mes filles, dans cette salle d'échographie noire, moi angoissée...

J'explique donc à ma généraliste que je n'ai pas vraiment confiance en ce radiologue. Elle me rassure. 

Au bilan du 1er mois de Minibout, le médecin me demande d'ausculter mon sein. Ma généraliste m'avait dit que le kyste devait disparaitre au bout de 10 jours. N'ayant pas confiance en le 1er diagnostic j'avais beaucoup de mal a croire que je n'avais rien. C'est là que "l'hypochondrie" agit ! En palpant elle me demande de faire une seconde échographie mais dans un centre différent car elle s'étonne, s'inquiète un peu malgré ses mots qui se veulent rassurant "C'est juste pour un contrôle, s'assurer que c'est bien un kyste bénin"...


L'attente fût horrible, les larmes coulaient de nouveau et cette angoisse non disparue est devenue omniprésente de nouveau.

Je m'en suis voulue mais il a fallu que j'en parle à mon amie qui vivait justement le cancer du sein de sa maman en plein rayons.
J'avais peur car le jour de mon accouchement j'apprenais le cancer du sein d'une connaissance, j'apprenais que plusieurs mamans après un accouchement découvrait cette maladie. Cela faisait beaucoup pour moi, pour l'hypocondriaque que je suis mais qui se soigne.

J'ai mal vécu les premières semaines de vies de ma poupée, j'ai été peu présente du coup pour mon aînée entre l'organisation naturelle à mettre en place, créer des liens avec l'ainée pour qu'elle n'éprouve pas de jalousie... Peu présente mentalement...
Je m'en veux, je suis malheureuse mais j'étais tellement mal qu'il m'étais impossible de me rendre disponible pour mes filles et ma famille mentalement.
Ce kyste s'est donc confirmé être bénin et là je suis tombée sur un jeune radiologue (sexy qui plus est) qui lui, en bon professionnel m'a rassuré à 2000% !
Je remercie la #teamconboudu (papa teste et complètement qui étaient présent), papa et mama pillon, ma ouistitinette, untibebe, lapetitelati, Laetitia de #MQD, Delph et quelques autres) pour leurs mots de soutien et leur présence du début de l'écho à la fin en me faisant rire, pour leur amitié qui m'a été témoignée.

 

Ce jour où j'ai eu peur... Cette peur qui m'habite !

Image tirée de Tibycréa


Alors voilà, aujourd'hui je n'ai rien et c'est une chance énorme.
L'attente et l'angoisse éprouvées, les idées noires survenant sont horribles.
Je me suis vue commencer un combat, je me voyais dans le bureau de l'oncologue que j'ai déjà rencontré pour ma polypose familiale, cette oncologue que je connais pour avoir travaillé avec elle.
Je revois les patients que j'ai suivi pendant des semaines quand je travaillais en clinique en service de médecine et d'oncologie.

Aujourd'hui je me rends compte davantage de ce que peuvent ressentir certaines personnes dans cette attente interminable de diagnostic. Heureusement que je ne connais pas la suite mais je suis de tout cœur avec tous ces patients, toutes ces personnes qui souffrent. J'espère qu'ils sont entourés et soutenus.
Je reprends petit à petit une vie normale, je ne touche plus ce kyste mais j'y pense à chaque douche, chaque jour.


J'en veux à cette mère qui m'a transmise cette phobie et qui m'a montré comment me "palper" indirectement, juste en la regardant faire régulièrement, juste en l'observant pleurer et en m'expliquant pourquoi elle avait des larmes en utilisant les mots "maladie, cancer, mort".


Je suis d'autant plus vigilante à la maison pour ne pas m'alarmer et pour ne pas transmettre cette tare, je fais attention aux mots que j'utilise, à  l'expression de mes sentiments, je suis dans la retenue pour pas mal de choses car je sais ce que cela engendre...
 


Aujourd'hui un billet un peu long, pardonnez-moi ! 

L'expression de quelques sentiments sur la maman que je suis qui vit avec une hypochondrie en voie d'extinction normalement, je l'espère. 


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