Quand l'académicien de chasse sonne l'hallali du halal...

Publié le 30 avril 2014 par Cuicuinrv
À l'occasion de l'élection au sein de l'Académie française du sombre et tourmenté Alain Finkielkraut , philosophe réactionnaire ayant un avis définitif sur tout et notamment sur ce qu'il ne connait pas - internet et les cités de banlieues entr'autres domaines -   j'ai ressorti ce petit bijou en toc, de derrière quelques vieux fagots bien secs,  remisés depuis trois longues années dans un hangar désaffecté.

Monsieur Finkielkraut représente l'archétype de ces universitaires brillants et cultivés dont la France est hélas prodigue. Ils restent figés dans leur 19ème siècle, incapables de s'attacher à la transformation d'un monde en perpétuelle mutation.

Les évolutions de notre société révulsent tellement ces intellectuels. réactionnaires que tels des gamins capricieux, ils considèrent, contre toute logique, qu'ils ont raison de se cramponner à un passé historique fantasmé, glorieux, mais bien irréel. 

Alain Finkielkraut et Renaud Camus, parmi tant d'autres penseurs, sont  devenus l'incarnation de ces maux français récurrents que sont l'immobilisme, le repliement sur soi et la folle conviction de la supériorité culturelle et ethnique  véhiculées par nos chimériques valeurs occidentales et chrétiennes.


Ce pastiche n'a rien perdu de son actualité. Ne m'accusez pas de souffler sur des braises encore brûlantes.

Je remercie chaleureusement mon pote Molière pour sa participation involontaire : il ne se doutait pas qu'un génie méconnu venu d'un autre siècle ferait de cet extrait du Malade imaginaire, un réquisitoire implacable contre cette xénophobie viscérale, obtuse, étroite,  et ô combien envahissante.



Le fleuron du populisme anti-musulman et de l'extrême droite new look est réunie là en costume d'apothicaire. Avec dans les rôles principaux : Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, Éric Zemmour,  Robert Ménard.  Marine Le Pen et Ivan Rioufol sont également très présents sur la scène. 
Le Français pleurnichard est joué par l'un d'entre nous.

ALAIN FINKIELKRAUT : Je suis philosophe, qui vais de  radio en radio, de télévision en télévisions, d'interview en interviews, pour chercher d'illustres matières à ma capacité, afin de trouver des émules dignes de m'occuper, capables d'exercer les grands et beaux secrets que j'ai trouvés dans ma philosophie. Je dédaigne de m'amuser à ce menu fatras de  pensées gauchistes ordinaires, à ces bagatelles de droits de l'homme, à ces fiévrottes de SDF, à ces vapeurs de sans-papiers, et  ces pauvres bien trop assistés. 
Je veux des problèmes d'importance : du bon gros racisme avec des expulsions immédiates, de bonnes révolutions islamistes, de bonnes  émeutes au Moyen  Orient, de bons massacres sanguinolents, de bons soulèvements violents dans les banlieues, de bons attentats d'Al Qaeda avec  beaucoup de victimes : c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe; et je voudrais, Monsieur, que vous  succombiez à tous les maux que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les politiques, désespéré, à l'agonie, pour vous montrer l'excellence de mes remèdes, et l'envie que j'aurais de vous rendre service.
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LE CITOYEN : Je vous suis obligé, Monsieur, des bontés que vous avez pour moi.
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ÉLISABETH LÉVY: Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l'on batte comme il faut. Ahy, je vous ferai bien aller comme vous devez. Hoy, ce pouls-là fait l'impertinent: je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre   référent ?

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LE CITOYEN :   La République...
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ALAIN FINKIELKRAUT : Ce principe-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands philosophes. De quoi dit-elle que vous êtes atteint?
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LE CITOYEN : Elle dit que c'est la crise économique, et d'autres disent que ce sont les déficits.
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MARINE LE PEN : Ce sont tous des ignorants: c'est de l'islam que vous êtes malade.
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LE CITOYEN : De l'islam?
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ÉRIC ZEMMOUR : Oui. Que sentez-vous?

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LE CITOYEN: Je sens une nette baisse de mon pouvoir d'achat.
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ROBERT MÉNARD : Justement, l'islam.
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LE CITOYEN: Il me semble qu'il y a de plus en plus de chômage.
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IVAN RIOUFOL : L'islam.

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LE CITOYEN : Je trouve que mes libertés se restreignent..
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NATACHA POLONY : L'islam. 

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LE CITOYEN : Je sens un terrible manque de solidarité entre les citoyens.
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ELISABETH LÉVY : L'islam.
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LE CITOYEN : Je trouve que les banques sont scandaleusement favorisées.MARINE LE PEN : L'islam..
LE CITOYEN : le système ultra libéral me parait terriblement injuste.ALAIN FINKIELKRAUT : L'islamLE CITOYEN :  J'ai peur de l'avenir.MARINE LE PEN : L'islam
. LE CITOYEN : Et j'ai l'impression que nous sommes gouvernés par des gens qui profitent outrageusement de leurs privilèges..
ÉLISABETH LÉVY : L'islam. Vous allez voter ?
. UN FRANÇAIS : Oui, Madame.
IVAN RIOUFOL : L'islam. Vous avez peur dans la rue ? . LE CITOYEN : Oui, Madame. . ÉRIC ZEMMOUR : L'islam. Vous avez peur de ne pas toucher une pension de retraite suffisante ? . LE CITOYEN : Oui, Monsieur. . ALAIN FINKIELKRAUT : L'islam, l'islam, vous dis-je. Que vous ordonne la République comme principes ? . LE CITOYEN : Elle m'ordonne la tolérance.
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ÉRIC ZEMMOUR : Ignorante.
. LE CITOYEN : La générosité. . ROBERT MÉNARD : Ignorante. . LE CITOYEN : L'indignation.
ÉRIC ZEMMOUR : Ignorante. . LE CITOYEN : L'impertinence. . IVAN RIOUFOL : Ignorante. . LE CITOYEN : Et de temps à autre le droit de manifester pour rappeler leurs devoirs aux dirigeants et défendre nos droits. . ÉLISABETH LÉVY : Ignorante.
. LE  CITOYEN : Et surtout davantage de fraternité. .ALAIN FINKIELKRAUT et MARINE LE PEN en chœur : Ignorantus, ignoranta, ignorantum. Il faut combattre les musulmans : ils sont la cause de toutes les calamités ! Pour guérir de ce mal sournois, lisez Le Figaro avec ses multiples talents, Ivan Rioufol et Zemmour et la digne équipe de Valeurs actuelles, écoutez RTL, regardez sur France 2 et France 5, Yves Calvi, Éric Zemmour, Pujadas, Ménard, consultez les sites Causeur et Fdesouche. De toute manière nous sommes omniprésents car nous sommes devenus grâce aux médias les nouveaux chantres du politiquement correct et les hérauts sans partage de la pensée dominante !Effectivement, ils sont vraiment partout.
pcc Molière [Le malade imaginaire acte 3 scène 10 - 1673]

Bises fraternelles à toutes et à tous.
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