Arum, une technique de pollinisation sophistiquée

Publié le 30 avril 2014 par Sambuca

Je vous avais promis de vous montrer l’évolution d’une fleur d’arum italicum. Mais je l’ai fait en 2010. Certains lecteurs ne l’ont donc pas vu, d’autres ne s’en souviennent pas. Je pourrais vous donner un lien vers cette note mais je crains que les photos ne soient un peu défraichies. Je vais donc la reprendre avec ces mêmes photos étonnantes.

Beaucoup de plantes cherchent à éviter l’auto fécondation (pire que la consanguinité pour les animaux) qui pourrait être source de tares et surtout pour les plantes est un obstacle à l’évolution. Les méthodes sont nombreuses : pollen incompatible, non concomitance des floraisons mâle et femelle, diploïdie sont les méthodes les plus utilisées.

Je vais vous montrer ce qui se passe chez Arum italicum mais c’est valable pour toutes les Araceae. Chez ces plantes le pollen pourrait féconder les fleurs femelles de la même inflorescence mais ces plantes très raffinées (à mon goût) ont mis au point pour empêcher l‘autofécondation une stratégie et même une véritable architecture de l’inflorescence digne d’un bureau d’études d’ingénieurs en sécurité. Cette technique comprend :

  • La protogynie, c’est-à-dire la maturation des fleurs femelles avant celle des fleurs mâles

  • Le déclenchement de la maturation des fleurs mâles par la fécondation des fleurs femelles

  • Un système sophistiqué de piégeage des insectes responsables de la pollinisation avec étapes successives de libération vers la sortie

Arum italicum est spontané et abondant sur mon terrain de Veneux. Le beau feuillage marbré est présent la plus grande partie de l’année et forme de beaux tapis :

Fin avril apparaissent les inflorescences. Elles sont formées d’une grande spathe jaune pâle qui est une bractée. La spathe entoure et enferme le spadice, un épi qui a un axe central charnu entouré des fleurs mâles et femelles sans périanthe.

Ce que l’on voit émerger de la spathe, c’est la partie supérieure du spadice dont l’odeur attire les insectes. Plus bas la spathe est fermée et forme une ampoule. Les insectes pollinisateurs sont attirés par l’odeur du spadice, d’où l’intérêt de ce qui dépasse au-dessus de la spathe. Les insectes glissent à l’intérieur de l’ampoule et y sont piégés. J’ai ouvert une ampoule :

Les insectes piégés vont aussitôt tenter de s’échapper mais ils n’auraient pu le faire si je n’avais pas déchiré la spathe

Tout au bas de l’épi il y a les fleurs femelles réduites à l’ovaire. Elles viennent d’être fécondées par le pollen d’un autre arum apporté par les insectes :

Au-dessus se trouvent les fleurs femelles stériles. Elles portent de longs appendices dont le rôle est d’empêcher les insectes de remonter trop tôt vers les fleurs mâles et de les secouer pour libérer leur pollen avant que toutes les fleurs femelles ne soient fécondées par le pollen qu’ils ont apporté d’ailleurs. L’ovaire est atrophique, plus sombre que celui des fleurs fertiles et surmonté de l’appendice :

Lorsque les fleurs femelles fertiles sont toutes fécondées, les appendices disparaissent. Les insectes sont maintenant débarrassés du pollen étranger et vont pouvoir en recharger. Ils ont maintenant accès aux fleurs mâles fertiles :

Vous voyez que ces fleurs sont pratiquement réduites aux anthères. La fécondation des fleurs femelles a déclenché leur maturation et elles commencent à libérer le pollen :

Les longs filaments disposés en couronne que l’on voit au-dessus du bloc de fleurs mâles sont formés par des fleurs mâles stériles. Ils empêchent encore les insectes de sortir, c’est leur deuxième obstacle. Cela oblige les insectes à rester suffisamment longtemps près des fleurs mâles fertiles pour bien se couvrir du pollen qui fécondera une autre fleur :

Enfin ces filaments disparaitront pour libérer les insectes. Le résultat un 11 septembre :

Je vous avais promis de vous montrer l’évolution d’une fleur d’arum italicum. Mais je l’ai fait en 2010. Certains lecteurs ne l’ont donc pas vu, d’autres ne s’en souviennent pas. Je pourrais vous donner un lien vers cette note mais je crains que les photos ne soient un peu défraichies. Je vais donc la reprendre avec ces mêmes photos étonnantes.

Beaucoup de plantes cherchent à éviter l’auto fécondation (pire que la consanguinité pour les animaux) qui pourrait être source de tares et surtout pour les plantes est un obstacle à l’évolution. Les méthodes sont nombreuses : pollen incompatible, non concomitance des floraisons mâle et femelle, diploïdie sont les méthodes les plus utilisées.

Je vais vous montrer ce qui se passe chez Arum italicum mais c’est valable pour toutes les Araceae. Chez ces plantes le pollen pourrait féconder les fleurs femelles de la même inflorescence mais ces plantes très raffinées (à mon goût) ont mis au point pour empêcher l‘autofécondation une stratégie et même une véritable architecture de l’inflorescence digne d’un bureau d’études d’ingénieurs en sécurité. Cette technique comprend :

  • La protogynie, c’est-à-dire la maturation des fleurs femelles avant celle des fleurs mâles

  • Le déclenchement de la maturation des fleurs mâles par la fécondation des fleurs femelles

  • Un système sophistiqué de piégeage des insectes responsables de la pollinisation avec étapes successives de libération vers la sortie

Arum italicum est spontané et abondant sur mon terrain de Veneux. Le beau feuillage marbré est présent la plus grande partie de l’année et forme de beaux tapis :

Fin avril apparaissent les inflorescences. Elles sont formées d’une grande spathe jaune pâle qui est une bractée. La spathe entoure et enferme le spadice, un épi qui a un axe central charnu entouré des fleurs mâles et femelles sans périanthe.

Ce que l’on voit émerger de la spathe, c’est la partie supérieure du spadice dont l’odeur attire les insectes. Plus bas la spathe est fermée et forme une ampoule. Les insectes pollinisateurs sont attirés par l’odeur du spadice, d’où l’intérêt de ce qui dépasse au-dessus de la spathe. Les insectes glissent à l’intérieur de l’ampoule et y sont piégés. J’ai ouvert une ampoule :

Les insectes piégés vont aussitôt tenter de s’échapper mais ils n’auraient pu le faire si je n’avais pas déchiré la spathe

Tout au bas de l’épi il y a les fleurs femelles réduites à l’ovaire. Elles viennent d’être fécondées par le pollen d’un autre arum apporté par les insectes :

Au-dessus se trouvent les fleurs femelles stériles. Elles portent de longs appendices dont le rôle est d’empêcher les insectes de remonter trop tôt vers les fleurs mâles et de les secouer pour libérer leur pollen avant que toutes les fleurs femelles ne soient fécondées par le pollen qu’ils ont apporté d’ailleurs. L’ovaire est atrophique, plus sombre que celui des fleurs fertiles et surmonté de l’appendice :

Lorsque les fleurs femelles fertiles sont toutes fécondées, les appendices disparaissent. Les insectes sont maintenant débarrassés du pollen étranger et vont pouvoir en recharger. Ils ont maintenant accès aux fleurs mâles fertiles :

Vous voyez que ces fleurs sont pratiquement réduites aux anthères. La fécondation des fleurs femelles a déclenché leur maturation et elles commencent à libérer le pollen :

Les longs filaments disposés en couronne que l’on voit au-dessus du bloc de fleurs mâles sont formés par des fleurs mâles stériles. Ils empêchent encore les insectes de sortir, c’est leur deuxième obstacle. Cela oblige les insectes à rester suffisamment longtemps près des fleurs mâles fertiles pour bien se couvrir du pollen qui fécondera une autre fleur :

Enfin ces filaments disparaitront pour libérer les insectes. Le résultat un 11 septembre :