Il est revenu …

Publié le 01 mai 2014 par Fbaillot

Voici ce que j'ai déclaré ce 1er mai 2014, à l'occasion de la cérémonie en l'honneur des médaillés du travail de la commune.

A Templemars, nous avons pris l’habitude en ce jour de fête du travail de saluer bien évidemment celles et ceux que nous allons honorer, mais aussi quelques absents de cette fête. C’est peut-être notre voisin, ou le fils de notre voisin, à la recherche d’un emploi, ou à la recherche d’un emploi à temps plein, correctement rémunéré. Vous le savez, notre pays, mais aussi nos voisins européens traversent une crise qui nous frappe au cœur. Le chômage dans la zone euro atteint près de 12% de la population active.

Nous pouvons certes nous rassurer : la métropole lilloise s’en sort un peu mieux que l’ensemble du pays, et le sud de la métropole est un peu moins malade que d’autres secteurs. Notre commune dénombre ainsi autour de 200 inscrits à Pôle Emploi, soit un peu plus de 7%. C’est honorable, mais c’est déjà beaucoup trop, et ce chiffre est plutôt en progression, et parmi les demandeurs d’emploi on compte un fort pourcentage de jeunes (près de 18%), et autant de demandeurs d’emploi inscrits depuis plus de 2 ans.

A l’échelle de la commune, nous essayons de gérer cette crise avec nos moyens, par exemple en ne touchant pas à la fiscalité, pour ne pas alourdir les charges qui pèsent sur chaque citoyen, mais aussi en essayant de répartir au mieux le coût des services que nous proposons au public, et en appliquant sur l’ensemble de nos tarifs des critères sociaux.

Nous travaillons aussi sur ces sujets-là avec nos voisins, et nous avons mis en place une batterie d’outils intercommunaux pour aider à l’insertion professionnelle, au reclassement, à la recherche d’emploi, à la formation professionnelle.

Nous sommes également présents à travers l’action sociale municipale, le CCAS, l’aide alimentaire, et tous les services que nous avons mis en place pour toute la population et notamment les plus âgés, les handicapés, les plus fragiles. Nous le faisons aussi en aidant les plus démunis à participer à la vie associative, parce que ce sont souvent ceux qui en ont le plus besoin.

Vous qui êtes ici aujourd’hui, que nous allons récompenser pour leurs longues années de travail, ainsi que vos amis, votre famille, vous savez particulièrement bien combien ce travail est source de stress, de fatigue, d’épuisement physique et nerveux. Mais vous savez aussi combien il peut être source d’équilibre, d’accomplissement personnel, de bonheur. Et c’est aussi pour cela que nous sommes réunis ici ce matin.

Vous le savez, mais je ne crois pas inutile de le rappeler, l’initiateur de cette fête du travail n’est pas le maréchal Pétain, comme on se plaît parfois à le dire, mais le congrès de l’internationale socialiste qui s’est tenu à Paris en 1889, et qui souhaitait rendre hommage aux grévistes de Mac Cormik à Chicago, une usine de machines agricoles. Et nous ne pouvons l’oublier, le 1er mai 1891, à Fourmies, l’invitation de la IIe Internationale s’enracine à cause d’un nouveau drame : la troupe tire sur les ouvriers et fait dix morts. En 1906, à l’occasion du 1er mai sera institué le repos hebdomadaire. En 1919, toujours à cette occasion, les 8 heures quotidiennes. En 1947, le 1er mai devient un  jour chômé et rémunéré.

Nous savons les uns et les autres que le jour de notre première embauche, nous devenons indépendants, autonomes. Le travail nous libère, nous permet de nourrir notre foyer, d’élever nos enfants, de donner un sens à notre vie. Mais nous savons aussi combien le travail aspire notre temps libre, notre vie, notre santé, combien il nous aliène et nous rend esclave. Le travail nous blesse, nous rend malade, provoque des dégâts individuels et sociaux considérables.

Notre situation n’a plus grand chose à voir avec celle qu’avaient vécu les grévistes de Chicago et de Fourmies. Mais il y a encore de grands chantiers à mener à bien :

-   la parité, pour que les femmes gagnent le même salaire que les hommes à travail égal, et pour qu’elles aient les mêmes possibilités de prendre des responsabilités que les hommes. Aujourd’hui, le différentiel entre les femmes et les hommes est encore de près de 30%.

-   l’intégration des travailleurs handicapés dans les entreprises, les administrations

-   la transformation de l’intérim et des CDD à répétition en emplois durables, justement rémunérateurs

-   la lutte contre le chômage des moins de 25 ans (25% de cette catégorie d’âge est à la recherche d’un emploi)

-   la protection des travailleurs plus exposés que les autres aux risques professionnels.

-   …

Je crois qu’un jour comme aujourd’hui, nous devons aussi rappeler toute la place que les combats dont je viens de parler doivent aux syndicats. Sans les syndicats, il n’y a pas de 1er mai, mais pas non plus de congés payés, de sécurité sociale, de caisses de retraite, de code du travail, de médecine du travail, d’inspection du travail. Toutes ces institutions ont été créées après d’âpres discussions, et sont gérées sous le régime du paritarisme : les représentants des travailleurs y assument leur part de direction, quand ils ne les gèrent pas.

Mais je ne voudrais pas terminer ce propos un peu sévère sans apporter une petite touche fleurie. Vous le savez, le 1er mai, c’est la fête du muguet. Cette plante venue du Japon symbolise le printemps depuis le Moyen Age. Les Celtes lui accordaient des vertus porte bonheur. Le 1er mai 1561, le roi Charles X reçoit un brin de muguet porte-bonheur, et décide d’en offrir chaque année aux dames de la cour.

Le muguet c’est aussi la fleur des rencontres amoureuses. Pendant longtemps, dans toute l’Europe, au bal du muguet, les parents n’ont pas droit de cité, les filles s’habillent en blanc, et les garçons portent un brin de muguet à la boutonnière.

Je vous propose de terminer cette petite intervention en musique avec Francis Lemarque, le poète de la rue de Lappe à Paris, l’ami de Mouloudji, de Prévert, de Montand, de tant d’autres, qui nous a discrètement quitté en 2002, et qui nous parle du muguet.