Alors que je sombrai dans la maladie,
Que mon coeur se noircissait de pensees egoistes,
Que mon ame etait blessee, trahie, et, je le croyais, condamnee.
Alors que le monde entier se dressait devant moi,
Que l épreuve etait trop dure, trop ereintante,
Qu elle me renvoyait dans un etat de miserabilité, de faiblesse, de solitude,
Il etait là, lui.
Petit etre blond, aux grands yeux bleus,
Touché lui aussi par la trahison, la tristesse et le manque,
Il a su me prendre la main, moi l adulte, et me conduire,
Il m a amené où je n'aurai jamais pu aller seule....
Il m a porté,
Il m a sauvée
Mon sang, ma chair, mon fils...
Il m a sauvée de ce desir de non vie, de cette "moi" qui aurait pu tomber...
Quand mon corps, meurtri par la maladie,
Affamé de drogues medicamenteuses,
Friand de pathologies annexes,
Me criait de baisser les bras, de me laisser aller,
Enfin...
L idée, l espoir, le desir, la force, la vie,
Ont germé, là, au fond, tapis dans l ombre...
Et la representation, grandissante, jour apres jour,
Envers et contre tous, et surtout contre ce mal qui me rongeait,
A pris possession de mon coeur et de mon ame.
Me donnant assez de force, enfin, pour la lutte.
Car mon ame, seule, mon corps, seul, n etaient plus raisons suffisantes,
Il te fallait toi,
Mon sang, ma chair, ma fille.
Il te fallait exister, dans mon ventre,
Pour me sauver...de ce corps qui n est plus le mien desormais.
Et toi, que je ne connais pas encore,
Dont je ne sais pas encore le prenom, ni le sexe, ni l age.
Toi qui aura ete voulu, désiré et attendu, plus qu aucun autre,
Toi qui aura ete l objet d un périple parental,
Tu sauveras toi, cette idee de n avoir su etre mere que par necessité,
Tu sauveras ce que je suis, une mere.
Vous serez tout les trois le pourquoi de mes matins, et de tous mes instants.
Vous serez tout les trois le pourquoi de mes levres esquissées en sourires.
Ils m auront sauvé la vie.
Tu auras sauvé mon coeur.