Au fil de mots fleuve
qui se jettent dans l'océan des pensées détachéesde leurs doux amers:
je prends le large
et ses courants
de rien
à force de ne plus vraiment suivre l'actualité
de port-import.
Tu sais,
il faut que je t'avoue aussi quelque chose:
il y a peu, j'ai piqué un phare qui voulait m'allumer
dans sa merde d'huile
Et
depuis,
à la baille
du mitant de la nuit
je dors les yeux ouverts.
Ah oui, c'est ptêt pour mieux y voir à l'intérieur...
Au loin,
dans la brume de la mer à boire, j'entends souvent la cloche d'un bateau ivrequi me tourne autour
dans des manigances
de carte marine
à me foutre du bleu à l'âme.
C'est ainsi qu'on fait le point, tu crois!
quand le sexe tend la voile
et que la marée se défausse dans des conjonctures
de langues de sable et de bois
où même la grande Ourse n'y trouverait plus ses petits.
Un jour,
je suis revenu sur l'estuaire qui m'avait vu paître
et où la vie te mène toujours en bateau.
Ici,
les voyages ont la rame
de l'aventure par procuration.
Alors, ils se donnent de faux airs du grand large,
des expressions de vieux loups des trop pique la baleine.
Et ils s'en racontent
encore et encore,
de tempêtes rechapées en sirènes des chantiers
en se mettant une goutte à l'arrière de l'oreille
puisqu'il il parait que ça porte bonheur.
J'écris à plus d'heure, à l'aencre des histoires chinées
en rade de moussesou
au ballon de muscadet qui m'envole à sa traine
dans un ciel de mascarade.
J'écris à la godille en croisant tout un tas de rafiots qui s'enkystent dans la vase
à mis le temps.
J'écris comme on se pince pour se dire qu'on existe et que ça valait la peine d'y croire
au grand voyage,
et de l'attendre
dans les courants-d'air salés.
Tu vois,
(mais non suis-je bête, toi tu dors) il est deux heures passées à la timonerie.Pour une fois, la nuit est dégagée de ses obligations nuageuses.
Rien à signaler cap'taine
Tout le monde est à bord
et
chuuuuut!!!!
les rêves sont bien gardés.
\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\
découvert chez Brigetoun
Entre Loire et Mékong
"Qui vous a dit que les habitants des
fleuves n’étaient pas les mêmes, sur leurs toues ou sur leurs jonques ?
Quand la tiédeur du soir arrive, qui saurait discerner le long cri de la
sterne blanche de celui de la mouette du Pacifique, si ce n’est en
écoutant le bruit de la radio qui clame, sur la berge, ses chansons
surannées ?
Esprits du lieu, vous avez appris à
vos habitants, la dignité, face au fleuve du temps, face aux ressacs de
la vie. Petits bruits du quotidien, vous êtes le rappel de cette
indélicatesse faite à la vérité loin des brouhahas du monde entre Loire
et Mékong.
Que reste-t-il de nos rêves et de nos désirs ? Peut-être le sourire des barques sur l’eau, peut-être la souplesse des roseaux, qui fait poursuivre la fugacité du temps avec des filets à papillons…."
Ly-Thành-Hué Editions du Petit Pavé