« J'habite la demeure du possible. Elle a plus de portes et de fenêtres que la demeure de la raison. »
- Emily Dickinson -
Une autre chambre, plus vaste encore, plus ouverte sur l’extérieur, plus lumineuse. Elle aurait les couleurs de la terre: rouge, brune, ocrée et serait franchement en relation avec dehors, vers le jardin, racé, sensuel, odorant. Un parterre de roses blanches, et un bassin bordé de papyrus. Tout serait ordonnancé pour susciter la sérénité. Je m’y vois, dans un fauteuil moelleux recouvert de lin brut et agrémenté d’un coussin de velours passé par le temps dans des tons vert de gris, un pipi d'eau égrainerait ses sons cristallins rafraîchissants. Je m’y vois lisant les aventures de Marlowe ou celle de Vendredi…
J’aime imaginer des lieux de vie. Et j’aime aussi investir des lieux et vivre. Ce pays m’inspire et me donne des ailes.
J’ai passé mes heures là-bas à ne rien faire d’autre qu’imaginer, rêver et juste être aussi, profiter de l’instant.
Je n’essaie pas de comprendre ce qui se passe en moi quand je suis là-bas, j’en profite et m’en repaie. Pourtant c’est ici que je m’interroge, une fois rentrée de mon escapade. A peine je repose le pied chez moi, j’ai envie de repartir. Alors que là-bas, je perds la notion du temps qui passe. Qu’est ce que vivre ? S’esquinter, s’acharner, défendre des idées ou juste "vivre" ?
J’ai lutté beaucoup, me suis bagarrée beaucoup, ai pensé pouvoir apporter beaucoup et puis me suis oubliée un peu au passage. Dans mes escapades, je prends contact avec un moi que je pensais connaître : simple, apaisé, attentif, amusé, naturel. Comme si j’y retrouvais une âme d’enfant à laquelle je n’ai jamais eu accès. Un bienfait.
( à suivre ...)