Un recalculé livré à l’opprobre populaire
Incapable de payer son gîte et son couvert
Affamé, épuisé, hagard, en guenille,
Sommé de quitter son précaire asile
Pour errer dans les rues inhospitalières
Ultime refuge où loger sa misère
Entend un apparatchik bien vêtu, bien nourri
Adepte de la caisse noire et d’abyssaux déficits
Dont le salaire d’un seul mois
Indemniserait cent recalculés spoliés de leurs droits
Ergoter sur le risque qu’encourrait l’Unedic
S’il fallait rétablir les prestations Assedic…
En réalité la seule préoccupation des ces parasites élus
Prébendiers, budgétivores, surpayés, et repus
Dont la signature apposée sur la scélérate convention
A souillé leur honneur et renié leurs convictions
N’avait qu’un seul but : maintenir en survie
Et gérer à leur seul profit
Un système moribond, exsangue déficitaire
Pour continuer d’y prélever avantages et salaires
Privilèges liés à leur inutile fonction.
Jusqu’à épuisement
Que des familles par dizaines de milliers
Soient jetées dans la misère et la précarité
Qu’importe ?
Dès lors que l’économie faite sur les gueux
Qui n’ont qu’à crever s’ils s’estiment malheureux
Leur rapporte !
Etant eux-mêmes bien à l’abri
Touchant un salaire qui leur tombe tout cuit
Bien plus gros que les âneries
Qu’ils débitent en doctes experts
Pour débattre de la misère ;
L’hiver au soleil et l’été au ski,
Les comptes offshore bien garnis
L’âme noire, mais l’argent blanchi
A quoi bon se soucier des laissés pour compte ?
Tandis que le recalculé porte en bandoulière
Expérience, compétence et diplômes universitaires
Qu’il recherche un emploi incertain, mal payé,
Sans même réussir à trouver un C.D.D.
L’ergoteur, ergotant, avec arrogance
Ergote, palabre, affirme et énonce
Fume un cigare à son nom marqué
Un Havane au moins, Môssieu, s’il vous plait
Plaisir du fumiste vivant en cigale
Dont le coût comblerait la fracture sociale.
Installé confortable dans sa fonction surpayée
Il disserte hypocrite sur la solidarité,
Parle d’emploi, qu’il n’a jamais créé,
De travail auquel il a toujours échappé,
De chômage qu’il n’a jamais connu,
Crie très fort pour être entendu,
Pérore sur l’entreprise et sur ses réalités
Qui lui sont totalement étrangers,
Cause de politique, d’économie et de social,
Harangue, vocifère, hurle et braille,
Fait du bruit, croyant parler
Erige le vide en profonde pensée
Parle pour ne rien dire
Et s’agite pour rien faire
Prolongeant ainsi sa vie parasitaire.
Puis épuisé par tant d’efforts, oiseux
L’apparatchik pris d’un petit creux
Se rend sous convoi escorté
Auprès d’un chef multi étoilé
Pour engloutir les mets les plus fins
Avaler le plus coûteux des vins
Tout en s’indignant que dans la vie
Certains ne vivent que du R.M.I.
Mais c’est leur faute.
Ils n’ont qu’à faire comme lui !