Coup de chaud

Publié le 02 juin 2014 par Journalvernois

Dernièrement mon attention a été attirée par une vache au comportement inhabituel. Elle se tenait à l’écart des autres avec son veau, toujours à l’ombre, l’air triste. En la regardant de plus près, mon diagnostic a été vite établi: coup de soleil.
Saviez vous qu’un bovin peut attraper un coup de soleil. Pour les animaux on parle plutôt de photosensibilisation et cela peut avoir des conséquences très graves. En fait c’est l’action conjuguée de l’ingestion d’une plante et la présence de soleil, le plus souvent voilé, qui déclenche la photosensibilisation. Je n’ai jamais bien su quelle est la plante mise en cause dans cette pathologie. Certains vétérinaires citent le millepertuis, d’autres le trèfle. Moi je pense qu’il s’agit de végétaux toxiques au stade plantule et qui perdent leur toxicité en se développant car je n’ai connu ce problème qu’au printemps.
Pour en revenir à ma vache, celle-ci a le museau de couleur très foncée, les yeux pleurent légèrement, le pis est rouge. Elle est très chaude et le simple fait de lui effleurer le dos avec la main la fait se cambrer tellement la peau qui s’est raidie est douloureuse, semblable à du carton. Cependant je juge son cas pas trop grave. Je la laisse au pré où les arbres sont suffisamment nombreux pour donner de l’ombre à n’importe quelle heure de la journée. Je la surveille de près; elle broute, rumine, c’est bon signe. Aujourd’hui elle va bien. L‘épiderme brûlé par le soleil se détache en grandes plaques, remplacé par une nouvelle peau aux poils naissants. On le voit très bien sur cette photo. C’est très spectaculaire.
J’ai connu plus grave. Dans certains cas, en plus de la peau c’est le foie qui peut être atteint. Dans ce cas il faut des soins vétérinaires adaptés plus conséquents pour rétablir la fonction hépatique. Un séjour à l’étable s’impose.
Je me souviens aussi d’un taurillon qui était tellement brûlé par le soleil qu’il avait le dos et les flancs à vif. On lui avait aménagé une clôture à proximité d’un bâtiment pour qu’il puisse aller et venir à sa guise. Il sortait dès le soleil couché, passait la nuit dehors à se nourrir d’herbe. Il rentrait à l’ombre au petit matin dès les premiers rayons . On couvrait les lésions régulièrement d’une fine couche d’aluminium à l’aide d’une bombe aérosol vétérinaire. Vision surprenante cet animal qu’on aurait pris pour un mutant venu d’une autre planète.
Reconnaissez que j’en ai quand même vu de toutes les couleurs!

A bientôt