Dans un documentaire qui sera diffusé mardi soir, les rebelles décrivent leur voyage clandestin du champ de bataille syrien à la Turquie pour rencontrer leurs soutiens étatsuniens puis pour voyager au Qatar, où ils disent qu’ils ont reçu une formation à l’utilisation d’armes sophistiquées et de techniques de combat, y compris, selon un rebelle, sur la manière “d’achever des soldats encore en vie après une embuscade.”
Cet article est le dernier d’une collaboration continue entre Mc Clatchy et FRONTLINE sur la guerre en Syrie. Le film de FRONTLINE, Syria: Arming the Rebels airs sera diffusé mardi 27 mai sur la plupart des stations de PBS.
Les interviews sont la dernière preuve que, après plus de trois années de guerre, les États-Unis ont renforcé leur aide létale aux rebelles. Ces derniers mois, au moins cinq unités rebelles ont posté des vidéos montrant leurs membres tirant des missiles antichars TOW, fabriqués aux États-Unis, sur des positions syriennes. Les armes sont censées provenir d’Arabie Saoudite, mais les experts internationaux sur les transferts d’armes ont déclaré à McClatchy qu’elles ne pouvaient pas avoir été données aux rebelles sans l’approbation de l’administration Obama.
Le documentaire, produit par FRONTLINE diffusé sur les stations PBS, présente le journaliste Muhammad Ali, qui a suivi la guerre civile syrienne pour le programme. Il montre Ali rencontrant une faction apparemment modérée des rebelles, bien que la faction en soi ne soit pas identifiée – sans sdoute par crainte de fâcher ses contacts étatsuniens.
Ali est représenté à cheval avec un officier d’approvisionnement rebelle lorsqu’il se rendait à la frontière turque pour prendre des armes et des munitions russes fournies par les Etatsuniens, mais il n’est pas autorisé à accompagner les combattants sur le lieu de la rencontre. Quand les rebelles reviennent le chercher, ils montrent des balles et un mortier, présentés dans le film, et lui disent qu’ils ont reçu des missiles TOW ; les missiles ne sont pas vus, cependant.
Le commandant de l’unité a également dit à Ali que leurs interlocuteurs étatsuniens lui avaient demandé d’apporter 80 à 90 membres de son unité à Ankara pour organiser leur formation. Une fois à Ankara, après plus de 14 heures de route, ils ont été interrogés pendant plusieurs jours sur leur appartenance politique et l’histoire de la lutte de leur unité. Le commandant a déclaré à Ali que leurs interlocuteurs se sont identifiés comme appartenant à «l’armée», mais qu’il croyait qu’ils étaient de la CIA.
Le dernier jour, on leur a dit qu’ils seraient transportés le lendemain pour un camp d’entraînement au Qatar, une monarchie dans le golfe Persique. Puis, ils ont été transportés à un centre de formation qu’ils pensaient être situés près de la frontière avec l’Arabie saoudite.
L’un des combattants a déclaré avoir reçu trois semaines de formation sur la façon de mener des embuscades, d’effectuer des raids et d’utiliser des armes. Ils ont également dit qu’ils ont reçu de nouveaux uniformes et des bottes.
“Ils nous ont formé pour tendre une embuscade à des véhicules du régime ou à des ennemis et à couper les routes“, a déclaré un combattant, qui est seulement identifié dans le documentaire par le pseudonyme “Hussein”. “Ils nous ont aussi instruit sur la manière d’attaquer un véhicule, de faire un raid, de récupérer des informations ou des armes et des munitions, et sur la façon d’achever les soldats encore en vie après une embuscade“.
Mais la question reste de savoir si une telle aide des États-Unis contribue à apporter la paix au travers de négociation ou bien si elle contribue plus à prolonger la guerre en donnant de faux espoir aux rebelles.
En effet, les combattants ont dit à Ali qu’ils ne peuvent pas gagner sans missiles antiaériens contre les troupes d’Assad nettement supérieures dans la guerre aérienne, et qu’ils n’ont encore rien reçu.
“Quand j’ai vu qu’il n’y avait pas de formation pour les missiles anti-aériens, mon moral a été détruit“, a déclaré un combattant à Ali.
Pour les États-Unis, leur nouvel effort consiste à marcher lentement dans les eaux troubles. Au cours des derniers mois, les États-Unis ont signalé qu’ils étaient de plus en plus intéressés à trouver un allié pouvant pousser Assad à la table des négociations et réduire la menace d’Al-Qaïda qui est en plein essor au travers des groupes extrémistes luttant contre le régime d’Assad.
Les États-Unis ont refusé de confirmer leurs efforts croissants pour aider les combattants rebelles. Ni le Pentagone, ni la CIA n’ont fait de commentaires sur les découvertes faites par Frontline.
Pour les États-Unis, endosser publiquement un tel effort présente de nombreux défis, au premier rang desquels il y a l’opposition généralisée des électeurs étatsuniens à plus d’ implication directe des USA dans le conflit syrien. Lorsque les États-Unis envisageaient une attaque militaire contre la Syrie l’été dernier, après une attaque d’armes chimiques dans la banlieue de Damas, les sondages ont montré l’opposition écrasante de la population à l’intervention militaire étatsunienne.
En outre, beaucoup à l’intérieur et en dehors du gouvernement craignent que si les États-Unis fournissent des armes, celles-ci puissent se retrouver dans les mains des extrémistes, en particulier dans un pays comme la Syrie, où les alliances et les ennemis changent avec une vertigineuse fluidité. Les groupes rebelles modérés ont travaillé en étroite collaboration avec le front Al-Nosra se revendiquant d’Al-Qaïda et le Front islamique, dont l’une des factions, Ahrar al Sham, comprend des membres d’Al-Qaida parmi ses fondateurs.
Source : Mondialisation .ca (Traduction SLT)