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Ce qui est tatoué est à moi

Publié le 05 juin 2014 par Corboland78

Quand j’étais plus jeune, les tatouages trimballaient une part de mystère empreint de dangerosité, mêlant attirance et répulsion, dignes d’enflammer les esprits. Truands, aventuriers et autres personnages louches portaient la marque. D’ailleurs, dans les romans ou les BD, le tatouage indiquait toujours au lecteur, soit le héros de l’histoire, soit le méchant ! Il n’y avait pas de milieu, un motif gravé sur la peau dénonçait le Bien ou le Mal, mais jamais un type « normal ». D’où cet attrait suspect pour un adolescent dans mon genre.

J’ai longtemps hésité à franchir le pas. Quel motif choisir ? Un engagement pour la vie, ce n’est pas rien. Ce qui semble fascinant à vingt ans peut être carrément débile à soixante. Où placer cette image ? Dans un endroit secret que quasiment personne ne verra sauf moi quand j’irai pisser, ou bien en vue avec le risque là encore, que dans dix ans ce ne devienne une marque d’infâmie. Et puis, est-ce que ça ne fait pas mal d’être tatoué, est-ce que le tatoueur est sérieux au niveau de l’hygiène, ses encres sont-elles sans dangers, etc. les questions effrayantes ne manquaient pas.

J’ai tellement hésité, que les tatouages ont commencé à fleurir sur les bras de gens « normaux ». Nous étions entrés dans une nouvelle époque, le temps avait répondu pour moi à l’envie qui me taraudait. Puisque désormais tout le monde avait un tatouage, il n’était plus question que je m’en fasse faire un, le problème était réglé.

Non seulement, l’idée de m’en faire graver un m’était passée, mais la notion même de tatouage devenait franchement ridicule quand les joueurs de football (entre autres) commencèrent à exposer leurs horreurs à des heures de grandes écoutes à la télévision. Gribouillis sur les bras, signes inesthétiques dans le cou et ailleurs, même une porte de chiotte serait en droit de porter plainte pour dégradation de matériel, si elle était taguée ainsi. Mais il faut croire que la profession de footballeur est un cas très spécifique, puisqu’ils affichent souvent des tatouages effarant de mocheté avec des coupes de cheveux tirées du même catalogue.

Aujourd’hui tout le monde, ou presque, a son tatouage, comme les produits chez Carrefour ont leur code-barres. A cette différence près, que chaque type de produit a un code différent.

tatouages,
 

Photo de Robert Doisneau


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