C’est une tradition toute américaine* à cette époque de l’année : les étudiants fraîchement diplômés enfilent une toge noire et un chapeau à pompon ridicule, et les universités invitent les parents à une émouvante cérémonie de remise publique des diplômes. Le parrain choisi pour la promotion offre un commencement speech ou « discours de commencement ». Car davantage que la fin d’une vie, on célèbre ici le début d’une autre.
C’est l’occasion d’une compétition nationale entre universités pour décrocher un parrain prestigieux, qui saura servir les relations publiques de l’université pour garantir des frais de scolarité élevés l’année suivante donner aux jeunes la fierté et la confiance nécessaires à attaquer leur vie professionnelle.
Résidant à proximité de UC Irvine, on ne pouvait ignorer cette semaine que « notre » université avait décroché l’or dans la compétition de l’année, en parvenant à convaincre Barrack Obama de faire le déplacement pour sa cérémonie. Il suffisait d’écouter les annonces de routes barrées et les prédictions de traffic catastrophique du week end.
Mais je suis cynique. Et « ce n’est pas le cynisme qui a envoyé le premier homme sur la lune, mais l’espoir » : petite phrase extraite de l’adresse du Président aux diplômés de UC Irvine, venu flatter la position de leader de l’Université dans les sciences de la terre et ses trois prix Nobel —dont celui pour la découverte des effets catastrophiques des aérosols sur la couche d’ozone.
Plus que les 10.000 cartes postales envoyées par les étudiants à la Maison Blanche pour demander à Obama de venir à Irvine, c’est sans doute la réputation de l’Université dans la recherche environnementale qui aura convaincu le président de venir reprendre l’initiative politique dans la lutte contre le changement climatique.
Il faut dire que depuis son élection sur ce thème, pas grand chose n’aura été fait. Heureusement pour lui, les progrès réalisés en Californie au niveau règlementaire, économique et scientifique, viennent compenser un peu l’absence de mesures significatives au plan national… Mais je suis cynique, encore.
C’était un beau discours malgré tout**, qui vaut qu’on lui accorde 25 minutes. Autant pour comprendre la résignation d’un président conscient qu’il n’y peut plus rien, que pour l’élan d’optimisme qu’il pourra peut-être susciter auprès des moins de 25 ans présents ce jour là. Standing ovation à l’appui !
* Certaines grandes écoles françaises ont parait-il adopté le cérémonial américanisé de la remise des diplômes en tenu de docteur. Mais c’est assez récent je crois.
** Faut pas comparer, mais je doute qu’il fasse 19 millions de vues sur YouTube comme celui d’un certain Steve Jobs à Stanford.