Tu caches ta douleur, je cache mes larmes. Je vois bien comment tu te tords sans attirer l’attention du voisin. Je vois bien comment tu changes de position espérant en trouver une qui te soulage. Tu me lances un regard serein puis tu détournes les yeux pour cacher ta douleur. Pourtant je sais que la maladie te range. Je suis médecin, tu le sais.
Je viens voir l’état de ta perfusion, je te fais parler une minute puis je m’éloigne. J’évite d’imaginer ta douleur. Je retourne travailler pour ne pas y penser. Je porte mon costume de médecin quand je présente ton cas aux autres médecins qui doivent intervenir. Puis ton fils ainé se retrouve dans le bureau pour couler des larmes. Pourtant je sais que la douleur me range. Je suis un fils qui aime sa maman, tu le sais.
Tu m’as tant donné. Tu as tant sacrifié. Tu as tant supporté pour tes enfants, pour ta famille. Il n’est pas juste que la maladie te fasse tant souffrir. Il n’est pas juste qu’un homme souffre comme toi. Ma foi est perturbée par mes connaissances médicales. Pourtant je sais que rien n’est impossible à Dieu. Je suis chrétien, tu le sais.
Je travaille au milieu des gens qui souffrent de la maladie et des souffrances des parents chers. Là j’en fais partie. Et je m’occupe, pour ne pas y penser. Je lance un regard serein à mes frères puis je détourne les yeux pour cacher mes peurs. Pourtant je sais que je ne suis qu’un homme. Je suis un mauvais comédien, tu le sais.