Ma filleule Clara

Dimanche de communion

Hier, ma filleule Clara et sa jumelle, ma nièce Léa, ont fait leur première communion. Ce fut une belle journée genre almodovarienne*, digne du cinéma à la latine. Épique. Pour commencer, mes neveux Margaux, Basile et Adam, accompagnés de leur papa, le parrain de Clara, sont arrivés à l’église avec moult retard. Le matin, Adam de sept ans, avait voulu allumer le moteur de la voiture de sa propre initiative - en réalité il s’agit d’n malentendu avec le père, mais c’est trop long de expliquer ici- et il a foncé contre la porte du garage, cassant le pare-brise de l’auto et ladite porte, heureusement fermée, car ils vivent face à une route de grand passage. Comme des anges gardiens aussi forts que Batman veillent sur les enfants, Adam et Basile, qui se trouvait également dans la voiture, s’en sont sortis indemnes. A la der de der, leur père a dû emprunter une autre bagnole pour se rendre à Lausanne. Ils sont entrés à l’église sans que nous ne nous en apercevions. Nous ne les avons vus qu’au moment de la communion, et là, qu’elle n’a pas été notre surprise de voir Basile, 12 ans en juillet, donc très jeune pour commencer sa crise d’adolescence, se présenter devant monsieur le curé, les yeux maquillés de noir à l’instar d’un cyclomoteur volé, les ongles vernis de la même sinistre couleur. A sortie de l’église, je lui ai demandé s’il était fan de Tokio Hotel. Il m’a répondu qu’il s’essayait au look gothique. Personnellement cela ne m’a pas trop impressionnée. J’ai connu le milieu goth. Je n’ignore pas que la plupart des jeunes qui se cherchent dans ce mouvement sont des littéraires qui suivent des études souvent avec succès, m’enfin que notre jeune neveu, encore servant de messe dans son village, se radine avec les yeux cernés de noir, nous a tous beaucoup surpris. Si l’objectif de Basile c’était de se faire remarquer, pas de problème, il a réussi.

Pour ma part, j’ai pleuré d’émotion durant toute la messe. L’arrêt de Prozac me rend ultra sensible. De voir ma filleule et ma nièce, déjà si grandes, si belles, entrer dans une nouvelle étape de leur vie, m’a totalement remuée. Surtout lorsque les enfants chantaient des louanges à Dieu et au Christ. Leurs voix me transperçaient. Me suis transformée en véritable Madeleine aux yeux suintants. Durant tout l’office, je n’ai cessé de renifler et de me moucher. Sur ma lancée émotive, j’en suis même venue à communier. Cela devait bien faire vingt-cinq ans que cela ne m’était pas arrivé. A défaut d’être en harmonie avec Dieu et le Christ, j’avais envie d’être en communion avec ma filleule, ma nièce et l’ambiance générale.

Arrivés chez mon cousin Stanislas, sa mère Bégonia -la grand-mère des communiantes et au passage ma tante adorée- a dévalé les escaliers du garage sur les tibias. Résultat: une blessure de plus de douze centimètres de long et un de large, qui pissait le sang comme les chutes du Niagara. Son ami Karl, blanc comme un drap et au bord de l’évanouissement, l’a l’emmenée aux urgences du CHUV où ils l’ont recousue avec quinze point de suture et vaccinée contre le tétanos. A leur retour nous étions encore à table. C’est là que le banc ou j’étais assise s’est effondré. Aujourd’hui j’ai des hématomes à une hanche et une épaule.

Durant la fête, Margaux a emprunté mon appareil de photo et mitraillé à tout va. Arrivée à la maison, je me suis aperçue que ses photos sont excellentes. Lui ai envoyé un sms pour le lui dire, mais elle n’a pas eu l’air de me croire. Pourtant si, si, je confirme: la relève artistique de la famille est assurée.

Bref, la fête fut belle malgré les nombreux incidents et par ces maints évènements, inoubliable! Quant à ma filleule Clara, c’est simple: je n’ai jamais vu d’aussi jolie communiante au monde!

Je t’aime très fort ma filleule.

*Almodovarienne: mot que je viens d’inventer issu du nom du réalisateur espagnol Pedro Almodovar.