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Désert de pierres

Publié le 19 juin 2014 par Paulo Lobo
Vous voyez, si je laissais courir ma libre pensée... J'aurais moins soif. Je serais plus joyeux. Il y aurait plus de clémence dans l'air. Plus d'élégance, plus de sens, plus de danse. Bon sang de bon soir!Il y a trop de projectiles qui me visent, je me débats sous des masses d'informations gluantes et malodorantes et trompeuses, je n'arrive pas à trier dans le tas, je n'arrive même pas à ranger, ça déborde de partout. Je ne veux plus autant d'input !Depuis la dernière pluie - ça fait si longtemps! - les mois, les jours et les semaines sont aveuglants, secs et craquelés comme le sol d'un désert oublié de tous, creux et sourds comme la bouteille que chaque nuit je balance à la mer, cruels et déterminés comme les aiguilles qui se pourchassent sans foi ni loi sur le cadran de l'horloge.Mais ne nous égarons pas.Un soleil assassin me poignarde dans le dos, mais je ne meurs pas. Oui, ça fait mal, mais je demeure. Comme le pont Mirabeau, je reste debout, et je regarde la Seine qui immanquablement et sournoisement m'échappe d'entre les mains. Elle me fuit, la Seine, comme si j'étais un insecte rampant. Elle restera à jamais belle et indomptable, la Seine, dans mon souvenir une rivière sans fin, une belle sans merci. Une rue coiffée de parapluies, c'est joli, c'est bigrement bigarré, des parapluies prisonniers de leur coiffe, ça ne se fait pas, ouvrez les écluses des cieux, come rain, come thunder, arrosez nos corps, humidifiez nos pores, soufflez en nous votre rage et votre colère, tout est mieux que cette abrutissante fadeur qui m'encercle.Il marchait, sans but ni reproche. Sans lunettes de soleil. Il voulait voir la lumière en face. Par un tour de passe-passe administratif, il parvenait à se fondre dans la foule pour mieux s'y défouler.
Désert de pierres

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