souvenirs du déménagement montréal-nantes en 2000... pardon à ceux qui l'ont déjà lu. mais je ne résiste pas... pour les autres !
"Mon
déménagement est arrivé hier.
Notez
qu'on s'y attendait bien un peu, car il avait été annoncé le 18, puis le
21, puis le 26 après-midi (ça se précisait), puis le 27 à 7h30 (un peut
tôt). Il est donc arrivé le 27 à 14h30. Bien
entendu c'est grâce à la réduction du temps de travail que
j'avais, chaque
fois, pu être sur le pont, prête à l'accueillir. L'Administration,
bonne fille, n'avait pas tiqué aux dépôts successifs et
intempestifs de mes jours de RTT.
Bref le
jour dit et à l'heure de leur choix mes déménageurs sont arrivés. Ils
n'auraient pas fait tâche à une partie de boule nantaise. L'un, tchatcheur
émérite de l'Algérie Française (po, po, po, dis...), le cheveu
long, gris et gras ; l'autre la ligne et le teint alcoolo, plus de dents,
mais la clope vissée aux gencives, les deux l'haleine avinée de ceux
qui ne sucent jamais de glace, et arrivant du PMU du coin où ils venaient
de déjeuner, boire, fumer et jouer (nous avons, sur leur insistance,
noté l'adresse de ce délicieux et prometteur estaminet, je vous la
communiquerai avec plaisir).
Des
préliminaires savoureux sur l'opportunité de remonter les meubles démontés
par leurs collègues québécois suivirent :
- ils
n'avaient pas, à l'évidence, franchement envie de s'y coller
- pas le
temps de le faire, non plus, un emploi du temps de ministre les attendant
- et
aucune instruction dans ce sens,
Nonobstant
le fait que j'avais payé pour, et que la moutarde commençait à me
monter au nez (et forte de mes expériences passées, avec, en vrac, le bois,
les parquets, Sears, le ramonage...), je fis un effort pour prendre
sur moi (il y a un temps pour tout, vous le savez, et là ce n'était
pas celui de prendre ses aises), et dus leur montrer mon contrat pour que
la légitimité de ma demande leur saute aux yeux... Ambiance...
Leurs
couteaux et cutters étant malheureusement introuvables, c'est donc avec
notre rudimentaire matériel de cuisine qu'il se mirent néanmoins à l'ouvrage. Ils
voulaient tout mettre dans le garage (pour me simplifier les choses bien sûr,
sortir les bouquins un à un à mon rythme, transbahuter la vaisselle
avec mes petits bras musclés, monter les vêtements au premier pour
muscler mes petites jambes...). Donc discussions pour chaque paquet (52
fois). Mes arguments, les leurs, tout ça...
52
cartons plus tard et déballage des meubles faits (difficilement,
avec des
petits couteaux de ménage), arrive donc le moment du remontage, ils se
mettent à chercher la trousse à outils. Le tchatcheur l'avait chargée
la veille,
mais l'alcoolo ne trouvait pas. L'alcoolo s'est donc mis à bouder,
en fumant, assis sur le trottoir, pendant que le tchatcheur, du haut de
son camion, le couvrait de jurons. Le tchatcheur (qui en avait dans la
tête) et commençait à penser qu'il l'avait peut-être oubliée, trouve la
solution.
Il sonne chez le voisin :
- qui est
là
- qui est
sympa
- qui est
outillé et prêteur.
C'est
donc avec le matériel du voisin qu'ils se mettent à l'ouvrage (moi aussi,
pour plus de rapidité, avec Quentin, madame mère enfermée dans la cuisine,
goûtant modérément mes relations d'affaire). Le tchatcheur en tchatchant,
l'alcoolo pas trop mal. Les deux en fumant (dans les chambres).
Odeurs de transpiration. Jurons. Mégots sur les radiateurs. Envie de
pisser ? Un petit tour dans le jardin. Cendres sur les parquets...
Moment inoubliable...
Bon, vers
21 heures l'affaire est péniblement bouclée, les meubles encore un
peu branlants (ce con de voisin n'avait pas les outils vraiment
adaptés...). Un doigt
tendu (mais avec le sourire...le bois, le ramoneur, Sears...) en guise
de pourboire, au grand dam de madame mère. Epuisée...
jurant mais un peu tard, qu'on ne m'y prendrait plus.
Bises à
tous.
Survivor
Ptit Lu"