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Ah ! Marseille : Les Collègues… Et le monde ?

Publié le 29 juin 2014 par Georgezeter
Ah ! Marseille : Les Collègues… Et le monde ?

Ah ! Marseille : Les Collègues… Et le monde ?

Si vous êtes toujours en retard à vos rendez-vous, si lorsque vous promettez quelque chose vous ne tenez jamais parole, si vous balancez vos détritus sur les trottoirs, si vous crachez par terre, si lorsque vous conduisez vous devenez un maniaque, si lorsque vous avez 100% tord, vous l’ouvrez quant même pour démontrer l’indémontrable, si vous êtes d’une susceptibilité impayable, d’un chauvinisme hilarant et d’une mauvaise foi désopilante ; Si vous insultez les autres pour un oui ou pour un non, si vous parlez très fort sans raison et de manière très vulgaire, si pour vous la culture c’est l’OM, si pour vous l’œnologie c’est le « jaune », si pour vous le 7ème art c’est « plus belle la vie » et surtout si pour vous la vie tourne seulement autour des « collègues », et bien bonne nouvelle, bingo et sachez le: VOUS êtes totalement marseillais estampillé pure aïoli. Et, permettez moi de vous avertir : qu’il est bien que vous y restiez chez vous à Marseille, car n’importe où ailleurs vous serez à coup sur non-grata. Il n’y a qu’ici, où vous pouvez vous conduire comme cela, ailleurs, c’est le lynchage assuré, alors, n’allez pas plus loin que la rade, car même dans les calanques, déjà les oursins ne vous supportent pas et c’est pour ça qu’ils piquent les pôvres !

Me direz vous qu’il n’est jamais bon de faire des généralités… Mais comme a si sagement parlé Philippe Bouvard : « Ah! ces généralités sans intérêt mais sublimées l'expérience personnelle »  Ouais ! je confirme ! Aussi, toutes opinions sur un lieu, une ville en l’occurrence est le fruit d’une expérience personnelle, d’observations, de rencontres, d’un ressenti ; bref, en clair et au final au bout d’un ou deux ans l’opinion s’est faite et se résume par un : j’aime-j’aime pas, et lorsque le courant ne passe pas, et bien, il est temps de boucler ses valises et d’aller voir ailleurs, car, si un endroit au monde ne changera JAMAIS c’est bien Marseille, et comme dit ce proverbe de parisien : il n’y a que les couillons qui ne changeront jamais…

Pour bien connaitre un endroit, utilisez les transports en commun

Avant, à l’époque Fernandel à chaque phrase il y avait les vocables « cong !», et « putaing !» ; Mais comme partout le langage évolue : Phrase entendue dans le bus venant d’une trentenaire maquillée à outrance à sa copine déguisée du même tonneaux, ces deux viragos accompagnées de leurs moutards : « tu crois pas que j’vais m’gratter la chatte pour ce connard de mec non ! »… C’est frais, c’est chic ne trouvez vous pas ? Je vous passe le classico « j’m’en bats les couilles » lancé par des gamines de 12 ans… A Marseille le bus est un aquarium en mouvement, ou les gorgones s’épanouissent en des mots qui feraient rougir le dernier des muletiers, le premier des poissonniers et l’avant dernier des Mohicans ; c’est un des charmes de la ville, et je recommande cette expérience unique qui tristement ne figure pas dans les guides touristiques de l’ex-capitale de la culture européenne…. Ahah, j’en ris encore, « capitale de la culture »… Du cannabis et de la kalache ?

A Marseille il n’y a que 2 options

Lors de vos déambulations à pied, en voiture, croiser le bipède local peut s’avérer chaotique ; car deux options seulement vous sont offertes. 1) vous-vous insultez copieusement et ensuite vous-vous tapez dessus - 2) vous présentez des excuses, qui, vous pourrez le constater par vous-même étonneront incroyablement le quidam. J’ai deux anecdotes fraiches de cette semaine, mais je pourrais en citer des centaines d’autres. Je marche tranquillement à 7 :30 du matin pour aller travailler, un type sort d’une boulangerie sans regarder et me rentre franchement dedans, tout de suite comme il sait que l’attaque est la meilleure défense il commence à me gueuler dessus ; j’ai 2 options ; soit je gueule plus fort, soit je lui dis « veuillez me pardonner, je ne vous avais pas vu » avec un grand sourire et là, ya un gros silence et le pauvre mec part en maugréant, mais satisfait d’avoir eu le dernier mot. Je cherche un stationnement dans le quartier du Panier, un cycliste déboule sur ma gauche et me coupe la route, je pille sec et la voiture derrière qui me suivait à trois centimètres me rentre dedans, je descends pour voir s’il y a des dégâts et le conducteur, menaçant-gueule ; je lui présente mes plus plates excuses et cet abruti rentre dans sa voiture sous le regard énamouré de sa dondon et de la chiée de mômes installée à l’arrière. Tout est dans le rapport de force, tout ! Ici, il ne faut jamais baisser sa garde, être toujours prêt à la confrontation. N’étant pas d’une nature victimaire, je sais que si vraiment je me fâche cela me conduirait à coup sûr en prison, car, quel plaisir une seule fois de faire boucler à grands coups de tatanes ces grandes gueules toute en gueule ; mais comme nous sommes dans une société civilisée où il est illégal de se faire justice nous-mêmes, il faut subir ce genre de gugusse à longueur d’année, prendre sur soi, se contrôler et en désespoir se payer leur tête aux travers « d’excuses » du 3eme degré prisent au 1er degré par ces demeurés pathétiques.

A Marseille on ne se mélange pas

Les arméniens entre eux, les comoriens entre eux, les africains entre eux, les magrébins entre eux, mais divisés en sous groupes de marocains, tunisiens, algériens… Bref, ya aussi le « gaulois » local sauce olive, lui, c’est le monde des « collègues », ces amis connus depuis l’enfance. Le petit monde des « collègues »  fonctionne par petits groupes d’une dizaine de membres ; ils se marient entre eux, partent en vacances ensemble, font chaque dimanche cuire leurs sardines qui puent, et ne s’intéressent absolument pas au reste du monde, à part l’OM et le jaune.  Il est impossible d’entrer dans ces groupes, il est impossible de se faire ouvrir la porte par le marseillais de base, qui peut être se montrera aimable dans les relations civiles, mais jamais, au grand jamais à aller à vous inviter chez lui, JAMAIS !

La ville est constituée des quartiers nord, à énorme majorité immigrante, musulmane. De + en + de femmes voilées, de jeunes mecs barbus ; on sent un malaise lorsque par hasard on se retrouve dans ces no mans land, souvent régis par les dealers, et les règlements de comptes à coups de fusils mitrailleurs de fabrication russe… Un caviar quoi ! Pourtant, l’autre jour, alors que j’allais donner des cours d’anglais dans une école du quartier, je me suis perdu, et un jeune « guetteur » de pas plus de 15 ans qui m’appelait « m’sieur » m’a accompagné pour m’indiquer le chemin ; il m’expliquait que par exemple dans cet immeuble désaffecté des combats de coq y étaient organisés… Ambiance.

Et puis ya les autres quartiers, souvent entourés de murs, de grilles, barricadés ; puis vers le vieux port où la ça se bobo-ise à donf…

Je sais, encore des généralisations, ok ! tout le monde n’est pas comme ça ; mais, aujourd’hui je vous conte mon expérience marseillaise, à vous d’écrire, de décrire la votre et de nous faire partager sous un autre éclairage les moments inoubliables vécus dans la cité phocéenne… Fossé-haine.

Il faut voir plus large

Marseille, est l’épicentre de la culture méditerranéenne française ; on y adhère ou pas. Ce rapport de force constant on le retrouve un peu partout dans le sud du pays. Cette belle chanson de Claude Nougaro à propos de Toulouse « … et même les mémés aiment la castagne », c’est vrai, d’une population qui ne fonctionne que par clan, par « familles », où l’étranger n’est pas le bienvenu, il est seulement admis.  Alors, c’est grandes tapes dans le dos sur la cote d’azur pour tirer un max de pognon en  donnant le moins possible ; on sent bien que le touriste est le « couillon », le « fada », alors l’idée est : « viens chez nous, mais pas trop longtemps, files tes tunes et casses toi fissa. ». 

Et bien c’est ce que je vais faire, me casser en me promettant de ne plus jamais refoutre les pieds dans ce bled épouvantable, sale, puant, limite insalubre avec des habitants encore plus épouvantables, je regretterais le climat et la belle lumière, paradis des photographes et des peintres ; d’ailleurs, en étant baigné d’une telle luminosité comme peut-on être si sombre dans son mode de fonctionnement ?  stultitia stutitiam invocat !

J’ai vécu sur 4 continents, j’y ai travaillé et malgré parfois de grandes différences culturelles, telles qu’en Inde dans l’Uttar Pradesh lorsque j’y étais professeur, j’ai réussi à m’adapter, m’y faire de vrais amis, apprécier le quotidien ; alors qu’ici, à Marseille, et bien non, rien, nada, nothing, ke-tchi !

En consolation pour vous les marseillais pur jus de sardine, j’ai tout de même connu bien pire que chez vous… La Corse : et y être un « Pinzuttu », mais là, peuchère, c’est une autre histoire !

Georges Zeter/Juin 2014


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