Où l'on rattrape son retard avec délectation, suite.
Je ne connaissais que la 4e de couverture : un petit théâtreux de patronage file à Beyrouth en pleine guerre pour y monter l'Antigone d'Anouilh, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Le tout par fidélité à un ancien frère de lutte dans le Paris politisé des années 70.
Hum, disait mon petit doigt. Mais j'avais lu Mon traître et Retour à Killybegs, je ne voyais pas comment je pourrais être déçu... Quoique ?
Le brouhaha de la Rentrée littéraire s'était tu depuis longtemps, le livre était toujours là, sur la table, avec un peu de poussière qui me disait que décidément j'avais trop attendu. Alors dès la fin du voyage, dans l'énergie molle et neuve du retour, je me suis rendu au pied du 4e mur et j'ai affronté le livre.
D'une traite, ou presque.
… Et après avoir admiré, souri, tremblé, espéré, je suis finalement entré dans Chatila sur les talons du narrateur.
Alors je me suis mis à tourner les pages de plus en plus lentement, avec précaution comme pour ne pas faire de bruit, la bouche ouverte pour chercher l'air, et un picotement derrière les yeux.
Je vous souhaite la même chose, si ce n'est déjà fait.