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Abbas Kiarostami | [à une profondeur de vingt mille lieues sous les mers]

Publié le 11 juillet 2014 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

Quelqu’un de ce côté du mur quelqu’un de l’autre côté
Ph., G.AdC

[À UNE PROFONDEUR DE VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS]

à une profondeur de vingt mille lieues
sous les mers
un hémistiche
ondulait
parmi les algues

quelqu’un de ce côté du mur
quelqu’un de l’autre côté
ignorance de l’un
ignorance de l’autre
seul le poète sait

huit à dix poissons petits et grands
et un hémistiche sur un papier
dans le filet des pêcheurs

quand je n’ai rien dans la poche
j’ai la poésie
quand je n’ai rien dans le frigo
j’ai la poésie
quand je n’ai rien dans le cœur
je n’ai rien

dans une chambre d’hôtel exiguë
j’ai composé un poème
sur la steppe

au point du jour
mon poème a fané
au lever du soleil
mon poème a passé

dans les vieux souliers de mon enfance
toujours se sont dissimulés
deux trois ébauches de poèmes

le cerf-volant que petit
j’avais lâché au vent
s’est aujourd’hui posé sur mon poème

Abbas Kiarostami, Sept heures moins sept [haft daqiqé mândé bé haft] in Des milliers d’arbres solitaires, éditions érès, Collection Po&psy in extenso dirigée par Danièle Faugeras et Pascale Janot, Toulouse, 2014, pp. 207-214. Poèmes traduits du persan par Tayebeh Hashemi & Jean-Restom Nasser. Collages de Medhi Moutashar. Version bilingue français/persan.



ABBAS KIAROSTAMI

AbbasKiarostami3

Source

■ Voir aussi ▼

→ (sur le site Voix de la Méditerranée) une fiche bio-bibliographique sur Abbas Kiarostami



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