+ Certaines militantes féministes aux Etats-Unis ont proposé de "rewriter" entièrement la littérature, accusant les ouvrages composés par des hommes de véhiculer des idées misogynes archaïques. D'une manière plus humoristique, le blog-tumblr "héroïnes", dont l'image ci-dessus est extraite, transpose au féminin les héros plus ou moins virils de la BD franco-belge. Le propos universitaire à l'arrière-plan de ce projet n'est guère convaincant (regards universitaires). Il ne répond pas vraiment à la défense des auteurs selon laquelle, par principe, le moteur du récit d'aventure n'est pas sexuel, ou, du moins, il ne l'est pas explicitement sexuel. Peu importe le sexe du héros, en quelque sorte. De fait Tintin est un prototype de héros assez peu viril, si on le compare à Rahan (héros des publications communistes pour la jeunesse). D'ailleurs l'on décide de prendre une héroïne plutôt qu'un héros, comme cela a déjà été fait (Jeannette Pointu), le scénario fait vite oublier son sexe au profit des péripéties et du suspense.
- Il va de soi que la BD belge des années cinquante à l'attention des enfants est le plus souvent un matériel de propagande au service, non pas tant de la famille patriarcale que de l'héroïsme et du patriotisme, loin d'être une valeur exclusivement masculine. Mais la BD qui prône l'égalité des sexes ou un nouveau modèle de société ne se situe pas moins au niveau de la propagande et des stéréotypes. L'adage selon lequel on ne fait pas de la bonne littérature avec de bons sentiments vaut pour Tintin comme pour les nouveaux stéréotypes.
+ "Quand j'ai arrêté de faire de la BD, Jospin était au pouvoir et je payais ma bière 10 fr." : le Tampographe Sardon a donné deux pages - donné, pas vendu - à "Mon Lapin" (la suite du "Lapin" de Jean-Christophe Menu en plus affectueux). On peut les lire sur son blog. Il raconte comment la BD a gâché son enfance et bien failli le rendre sado-masochiste.
+ La BD est-elle un art populaire ? Le site du9.org propose plusieurs chroniques sur le sujet, dont une récente de Jessie Bi, qui se penche aussi sur les origines du masque des "Anymous". Mais ces chroniques et ces chroniqueurs ont tendance à faire l'amalgame entre "culture de masse" et "culture populaire". Les jeux du cirque, le cinéma ou la TV ne sont pas des "arts populaires" dans la mesure où leurs moyens de production échappent au peuple. S'il existe quelques tentatives de faire de la BD élitiste, dans l'ensemble la BD est plutôt un art populaire. La quantité ne fait pas l'art populaire ; paradoxalement, la "culture populaire" est beaucoup moins diffusée aujourd'hui que la "culture de masse".
+ "L'opération Paris-Plages est désormais bien connue : tous les inconvénients du bord de mer - le bruit, les cris, les jeux, la promiscuité - sans son seul intérêt, la baignade. La Seine, aujourd'hui, est une sorte d'égout. Au temps de Daumier, à Paris et dans les environs, tout le monde barbotait. "Les oeuvres de Daumier sont des compléments de la Comédie humaine", a écrit Baudelaire, et ces quarante lithographies cocasses ont bien leur place dans la Maison de Balzac (...)" Adrien Goetz commente ainsi dans "Le Figaro" l'exposition "Plages à Paris selon Daumier" (Maison de Balzac, jusqu'au 28 septembre).