Julos Beaucarne "Les loups ont des tętes de mouton"

Publié le 19 juillet 2014 par Pestoune

Depuis qu’Lumumba fut tué

Pour avoir dit sa vérité

Depuis qu’Lahaut est là en haut

Parce qu’il avait parlé tout haut

Depuis qu’on étouffa une fille

Dans un avion pour pas qu’elle crie

Les loups ont des têtes de mouton

Derrière les roses y a des chardons

C’est celui qu’est tout en haut

Qui tient le manche de la faux

Si ce que tu dis cause souci,

Tu seras vite raccourci

Celui qui r’garde jouer aux cartes

S’il pète un mot d’trop on l’écarte

Les ptits r’gardants n’ont rien à dire

Su l’ jeu des grands ça c’est bien pire

Celui qui se tient haut perché

Il a le droit d’vous supprimer

De beaux enfants sautent sur des mines

Mais on n’arrête pas la machine

D’autres sont drogués pour tuer

Et la cocaïne les défait

Nous vivons en pleine barbarie

Les soldats violent toujours les filles

C’est celui qui est tout en haut

Qui tient l’manche de la faux

Si ce que tu dis cause souci

Tu s’ras vite raccourci

Celui qui r’garde jouer aux cartes

S’il pète un mot d’trop on l’écarte

Les ptits r’gardants n’ont rien à dire

Su l’jeu des grands ça c’est bien pire

Chez nous un jeune homme fut visé

Tiré comme lièvre en un pré

Pour le diamant Kisangani

A été totalement détruit

Y a des fabriques et des boutiques

De fusils à deux pas d’ici

La mort fait vivre nos ouvriers

L’emploi est sauf, on laisse couler

C’est celui qu’est tout en haut

Qui tient le manche de la faux

Si ce que tu dis cause souci,

Tu seras vite raccourci

Celui qui r’garde jouer aux cartes

S’il pète un mot d’trop on l’écarte

Les ptits r’gardants n’ont rien à dire

Su l’ jeu des grands ça c’est bien pire

Des femmes sont tuées à chaque jour

Par jalousie par leurs amours

Y a des p’tites filles qui sont forcées

Et toute leur vie en est gâchée

Y en a d’autres à qui on enlève

Le clitoris, leur vie s’achève

A trois ans, on tourne la page

Leur vivance est déjà veuvage

Tout le monde veut être tout en haut

Pour tenir le manche de la faux

Une fois qu’il l’tient, il veut faucher

Et l’cauchemar de recommencer

Les ptits r’gardants devenus grands

Veulent jouer au grand jeu des grands

Y en a pas un qu’est épargné

Tout le monde veut être le premier

Nous sommes six milliards tout en bas

Maraboutés au nom de quoi

Au nom du pèse, au nom du fisc

Et du sacro saint bénéfice

Mineurs et majeurs détournés

Par des bonimenteurs roués

Qui veulent que nous marchions au pas

Et dans les souliers de leur choix

C’est celui qui est tout en bas

Qui est bien plus fort qu’il ne croit

Si nous le voulons toi et moi

Le cauchemar s’arrêtera

6 milliards de p’tits regardants

Peuvent devenir acteurs puissants

6 milliards de gens conscients

Ensemble changent le cours du temps

JULOS BEAUCARNE poète-auteur-compositeur-interprète.

https://www.youtube.com/watch?v=DH9VKoqgF2M

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