"Vieilles douleurs, pluie de malheur", disait-on autrefois en guise de prévision météo. Comme tombée du ciel, notre humeur semble elle aussi sujette aux aléas climatiques, le moral au beau fixe virant gris au moindre nuage à l’horizon. Si le concept même de météo dépendance me laissait jusqu’ici dans une incompréhension totale, mon arrivée à Paris a changé la donne de manière radicale. Tornade assurée, face à laquelle les réserves en vitamine D ne font pas long feu: rien d’étonnant lorsque la dépression saisonnière s’éternise toute l’année, à l’exception de quelques rares éclaircies.
Un rayon de soleil ? Et la ville entière se sent revivre d’un coup, troquant "le syndrome du lundi matin" contre un réveil 100% Ricoré. Deux jours plus tard, une simple averse suffit pour faire pleuvoir plus d’insultes que de cordes, surtout lors des divers accrochages entre parapluies interposés. « La goutte de trop », dira-t-on. Quand depuis des siècles les hommes tentent d’anticiper les caprices célestes, jamais le sujet n’avait tant monopolisé les conversations qu’aujourd’hui : chaque soir, nous voilà pendus aux lèvres du grand gourou des « normales saisonnières», croisant les doigts pour qu’aucune intempérie ne vienne déroger à la règle. Printemps pluvieux, été pourri, canicule à l’horizon passé les 30 degrés : de la frustration chronique à l’exutoire aux angoisses, qu’importe le prétexte puisqu’il s’agit de râler. Juste ciel ! À force de pester moi-même contre le micro-climat parisien, je me retrouve à devoir subir mon humeur massacrante en plus du sale temps. Double peine. Si la misère est bien moins pénible au soleil, il ne tient qu’à nous de trouver d’autres sources de réconfort en son absence. Quitte à porter un teint qui ferait pâlir d’envie Dracula en personne, autant que cette blancheur soit aussi celle d’un sourire éclatant.