Lettre de la Voix de l'oubli à un soldat inconnu du cimetière militaire de Saulcy-sur-Meurthe dans les Vosges :
Cher ami,
Je dis ami, tu es allemand et tu n'es pas mon ennemi que je sache !
D'aucuns ont un nom, un prénom, français ou allemand. Toi tu es " inconnu, unbekannter Soldat ".
Pas pour tout le monde. Tu avais un père, une mère qui chaque jour se faisaient du souci pour toi, une fiancée peut-être, qui t'écrivait des mots doux que tu conservais précieusement. Sans doute te parlait-elle de votre vie après la guerre ?
Et puis, le temps passant ... plus de nouvelles.
Pendant combien de jours d'angoisse et de nuits sans sommeil t'ont-ils attendu, en vain ? L'inquiètude petit à petit a laissé place à la tristesse. Se sont-ils résignés à ne plus jamais te revoir où espéraient-ils encore, malgré tout, ton retour à la maison ?
Tu dors ici depuis presque cent ans. Vous êtes là, Français et Allemands, qui reposez en paix tous ensemble.
Ce lieu est si calme, si lénifiant. Le silence, palpable, n'est troublé que par le chant des oiseaux, le souffle du vent venu des forêts voisines ou la présence amicale, familière d'un petit lapin qui vous rend visite de temps en temps.
Difficile d'imaginer le bruit du canon, les obus, les corps en morceaux, le sang, le froid, la faim, les cris et la peur, l'ignoble boucherie.
Demain, dans mon village, une cloche sonnera à 16 heures, pendant cinq minutes pour commémorer la mobilisation générale du 1er août 1914. Belle initiative pour rendre hommage aux soldats de la grande guerre.
Alors, au son de cette cloche je penserai plus particulièrement à toi et aux autres combattants déclarés inconnus.
Hommage à tous les Jean, les Claude, les Hans, les Otto, les Pierre, vous tous soldats qui avez donné votre vie pour votre pays.
Cher ami, que l'éternité te garde en paix, toi et tes amis endormis de Saulcy
Sable
Photos prises le 16/0 /2014 à la nécropole nationale de Saulcy-sur-Meurthe (88)
Les obtus bas de plafond, ceux qui me qualifient de nazie et autres noms d'oiseaux de même acabit, ne manqueront pas de s'offusquer et de s'insurger sur le choix du destinataire de ma lettre, à l'heure où l'on glorifie, à juste titre, les Poilus de la guerre de 14-18.
Je leur réponds :
la souffrance n'a pas de frontière et nous sommes tous égaux dans la mort.