Une certaine idée de la nuit, magnifique, qui nous enveloppe même dans la lumière crue d'un ciel d’été ébloui. Le bout du jour qui s'écrase dans la couleur blafarde et tiède d’un été foireux pour enchainer les virages serrés à la suite d'un hiver encore pire... "Le bout du bout !" comme on dit dans le langage des coureurs cyclistes... Lorsque les jambes sont lourdes les lendemains de victoires éphémères... et qu'on y voit plus rien de la route qui se poursuit, infatigable ; seul, et dévissé du peloton principal. Un "voyage au bout de la nuit" dans la moiteur torride, qui incombe au dérèglement du climatiseur général. Un si triste voyage dans le précipice de la nature humaine et la route qui défile à tombeau ouvert pour viser juste dans la direction d'un cimetière provisoire.
Ce grand tapage nocturne de farandoles obsolètes, imbibé d'ombres molles et d'ambre solaire évaporée. La plastique consternante de quelque paysage intérieur jaunâtre d'un jour qui inlassablement décline dans nos cœurs déchiquetés. Ce pacte signé avec la communauté d'anciens saturniens, pour passer inaperçu chez Dürer ou dans l'atelier de Goya avant d'effleurer Baudelaire oublié dans une pile de bouquins posée à coté du piano d'entrainement. Un poison orgiaque et sa bile affreuse répandu sur les murs du salon souffreteux. La houle atroce d'un immeuble de province chancelant sous son vernis 18e passé d'usage à l'heure des dortoirs synthétiques. À l'intérieur, une marée des songes calcinée et un océan cauchemardesque fondus sur un écran connecté à l'ADSL. Cette peinture murale électrique, brossée dans la lie et les rognures des nouveaux pixels. Une illusion forcenée d'un monde libre et s'agitant en convulsions tragiques. Ce genre d'esthétique fortuite et embarrassante des mouvements de masse répandus sur les réseaux d'opinions. La raison de ma maison close, coupée du trafic. Une prison sèche sur la toile. JLG
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