Je ne suis plus allée à Paris depuis mars dernier, et encore, en mars, j'ai marché, j'ai pas vu Paris. Donc je ne suis plus allée à Paris depuis octobre dernier, là c'était le pied d'enfer, un atelier d'écriture sur le thème des passages, qui m'a permis de les découvrir, de me laisser envahir par une autre facette de cette ville, et puis d'écrire sur ce que ces lieux m’inspiraient.
Alors lundi, je me suis lancée dans la grande aventure du livre photo.
Bah, en une heure emballé c'est pesé, me suis-je dit.
J'ai commencé à 15 heures.
Et j'ai eu fini à... euh... 22 heures.
Nan chuis pas blonde.
C'était facile comme tout, juste que ça prend un temps de gueux :
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dactylographier mes textes parisiens, pour faire un album mélangeant photos et textes
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recadrer, retravailler, redimensionner, retoucher, trier mes photos
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les trier par thèmes, par couleurs, par je sais pas quoi encore
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choisir le format d'album, le thème
-
choisir les fonds de page, les petites décos
Ouais, ça m'a pris 7 heures, ces bêtises parisiennes.
Mais le résultat est sympa, enfin j'espère qu'il le sera, passque j'ai toujours pas de nouvelles de mon album à ce jour, on peut pas dire qu'ils soient rapides chez phototruc, depuis le 28 juillet, mon album est « en préparation », comme quoi ça leur prend plus de 7 heures, à eux.
Leitmotiv donc, depuis lundi : wait and see.
Et hier, sur la donnerie, je découvre (enfin) une petite chose qui me tente : des assiettes. La donnerie, ça fait un bail que j'ai abandonné l'idée d'y recevoir quelque chose. Pour plusieurs raisons :
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y'a des moments où c'est plutôt la chercherie, et même si c'est également son but, cet avalanche de personnes qui pleurnichent après des trucs incroyables, genre une tondeuse, une caravane ou un ordinateur, ça me fait doucement rigoler (et je ne devrais pas, paraît que ça marche)
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les trois fois où j'ai tenté d'avoir quelque chose ont été catastrophiques : primo, un arbre à chat, que j'ai eu et remisé à l'extérieur tant il puait la pisse de chat (on m'a prise pour la ressourcerie, alias les anciennes grosses poubelles, comme on les appelait) ; secondo, une boîte à musique qui m'a fait frémir d'envie, because j'adooore les boîtes à musique, et pis après m'avoir bien expliqué comment elle était, quand j'ai dit que j'en rêvais, ben j'ai eu droit à « j'ai donné à quelqu'un d'autre », comme ça, sans raison, pas bien, vraiment pas bien ; tertio, le truc habituel, une machine à bain de pieds, donnée dans la seconde, passque la donnerie, faut être au taquet pour obtenir quelque chose, genre rafraîchir sa page mail toutes les cinq secondes, 24 heures sur 24.
Et là, hier matin, je vois ces six assiettes. Proposées la veille au soir. Aucun espoir. Mais elles sont si jolies avec leur look rétro, que je tente ma chance. Je les vois mal sur la photo, mais on dirait des madames de début de siècle dernier, voire des fées ou des danseuses, chais pas, mais j'aime.
Et la fée de la donnerie est avec moi, because personne a voulu les assiettes.
Bonheur. Organisation est faite pour que j'aille les chercher. Ça sera une excursion, bus, 1,6 km de marche aller, idem retour, et puis bus, mais ça me fera une excursion. Je prendrai à boire, à manger, mon iPod, et ça sera parti mon kiki.
Et puis le bonheur se double. La Madame donneuse, sans doute empreinte de pitié à mon égard, propose que son mari, qui passe par là oùsque je bosse, me les dépose. Cool, passque c'est pas que j'aime pas marcher, c'est que j'aime pas marcher quand il fait plus de 23 degrés.
Et puis le bonheur se triple (et c'est là que vous découvrez pourquoi je causais de Paris au début de ce billet) quand je reçois mes assiettes. Les jolies madames, elles posent dans des décors parisiens. Siiiiiiiiiiiiii, je vous jure. Moi qui suis plongée dans le début du siècle dernier depuis quinze jours, à grands coups d'atelier, de photos de vieux journaux et de visites d'orangerie et de parc à l'allure rétro, vlà encore un nouveau signe du destin, mon destin parisien.
Et le bonheur se quadruple lorsque je remercie la Madame et son mari, de leur gentillesse, ajoutant que j'adore mes petites assiettes, et qu'elle me répond qu'elle est ravie, et que sa grand-mère l'aurait été aussi. Ça m'a touchée, je dois l'avouer, d'imaginer cette petite mamy, où qu'elle soit, se réjouissant du fait que ses assiettes ont désormais une nouvelle vie.
Et puis c'est tout, mais je suis sûre que ma prochaine dacquoise framboise ou mon prochain fraisier, ils seront encore meilleurs dégustés sur ces jolies œuvres d'un artistes que je ne connaissais pas, Gaston Le Beuze.
Comme je le disais sur Facebook, parfois, la vie est jolie.
Et j'en profite pour vous faire partager un des textes écrits sur place, dans un magnifique café rétro, en sirotant un thé, m'inspirant de cette photo.
Claire n'est pas majeure. Et pourtant elle part. Demain. A la grande ville, diraient certains. Elle a natté ses longs cheveux noirs et mis sa tenue de scène, pour le plaisir de se plonger déjà dans l'avenir qui l'attend. Sous sa robe blanche vaporeuse de danseuse, elle est totalement nue. Liberté. Liberté chérie, si difficilement gagnée. Au prix de quel effort. Ses pieds nus profitent de ce rare moment de liberté : n'être pas enserrés dans des chaussures douloureusement satinées. Ses orteils pointure 38 se trémoussent. Ils frétillent d'impatience. Ils connaissent leur avenir. Radieux, fiévreux, joyeux. Tandis qu'elle se déplace et remplit sa malle, le voilage de sa robe caresse ses jambes musclées et ses fesses rebondies juste ce qu'il faut. Elle jette, pêle-mêle, ses dessous, ses robes, ses manteaux, ses bottes et ses chapeaux. Elle ne réfléchit pas trop. Peut-être se débarrassera-t-elle directement de ses frusques à son arrivée. Elle ignore encore ce que doit porter un petit rat. Elle se tourne vers son vieil ours en peluche défraîchie, le touche de son long doigt blanc peint de coquelicot et se laisse envahir par la nostalgie. Elle ne l'emmène pas avec elle. Demain, elle quitte son enfance. Elle quitte Hubert l'ours bougon, l'ours réconfort, l'ours trop vieux déjà. Dans sa petite malle, elle glisse sa collection de chaussons, ses justaucorps, ses tutus. Elle ferme les serrures cuivrées du bagage de ses bras minces, les dépose dans le coin de sa chambre, s'assied sur son lit défait, clôt ses yeux et sourit d'aise : demain, tout sera différent. Elle se couche, étend ses longues jambes, pose ses mains sur son ventre plat. Elle est si calme qu'on la croirait morte. A l'intérieur, elle est loin de l'être. Un volcan. Seul le frémissement de ses paupières pourrait la trahir. Elle se tourne, adopte une position fœtale, ceint ses jambes de ses bras, laisse le tissu de sa robe la recouvrir, et, tandis que sa tresse glisse doucement le long de son cou, elle glisse dans le sommeil et la nuit qui la séparent de demain.
Je ne suis plus allée à Paris depuis mars dernier, et encore, en mars, j'ai marché, j'ai pas vu Paris. Donc je ne suis plus allée à Paris depuis octobre dernier, là c'était le pied d'enfer, un atelier d'écriture sur le thème des passages, qui m'a permis de les découvrir, de me laisser envahir par une autre facette de cette ville, et puis d'écrire sur ce que ces lieux m’inspiraient.
Alors lundi, je me suis lancée dans la grande aventure du livre photo.
Bah, en une heure emballé c'est pesé, me suis-je dit.
J'ai commencé à 15 heures.
Et j'ai eu fini à... euh... 22 heures.
Nan chuis pas blonde.
C'était facile comme tout, juste que ça prend un temps de gueux :
-
dactylographier mes textes parisiens, pour faire un album mélangeant photos et textes
-
recadrer, retravailler, redimensionner, retoucher, trier mes photos
-
les trier par thèmes, par couleurs, par je sais pas quoi encore
-
choisir le format d'album, le thème
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choisir les fonds de page, les petites décos
Ouais, ça m'a pris 7 heures, ces bêtises parisiennes.
Mais le résultat est sympa, enfin j'espère qu'il le sera, passque j'ai toujours pas de nouvelles de mon album à ce jour, on peut pas dire qu'ils soient rapides chez phototruc, depuis le 28 juillet, mon album est « en préparation », comme quoi ça leur prend plus de 7 heures, à eux.
Leitmotiv donc, depuis lundi : wait and see.
Et hier, sur la donnerie, je découvre (enfin) une petite chose qui me tente : des assiettes. La donnerie, ça fait un bail que j'ai abandonné l'idée d'y recevoir quelque chose. Pour plusieurs raisons :
-
y'a des moments où c'est plutôt la chercherie, et même si c'est également son but, cet avalanche de personnes qui pleurnichent après des trucs incroyables, genre une tondeuse, une caravane ou un ordinateur, ça me fait doucement rigoler (et je ne devrais pas, paraît que ça marche)
-
les trois fois où j'ai tenté d'avoir quelque chose ont été catastrophiques : primo, un arbre à chat, que j'ai eu et remisé à l'extérieur tant il puait la pisse de chat (on m'a prise pour la ressourcerie, alias les anciennes grosses poubelles, comme on les appelait) ; secondo, une boîte à musique qui m'a fait frémir d'envie, because j'adooore les boîtes à musique, et pis après m'avoir bien expliqué comment elle était, quand j'ai dit que j'en rêvais, ben j'ai eu droit à « j'ai donné à quelqu'un d'autre », comme ça, sans raison, pas bien, vraiment pas bien ; tertio, le truc habituel, une machine à bain de pieds, donnée dans la seconde, passque la donnerie, faut être au taquet pour obtenir quelque chose, genre rafraîchir sa page mail toutes les cinq secondes, 24 heures sur 24.
Et là, hier matin, je vois ces six assiettes. Proposées la veille au soir. Aucun espoir. Mais elles sont si jolies avec leur look rétro, que je tente ma chance. Je les vois mal sur la photo, mais on dirait des madames de début de siècle dernier, voire des fées ou des danseuses, chais pas, mais j'aime.
Et la fée de la donnerie est avec moi, because personne a voulu les assiettes.
Bonheur. Organisation est faite pour que j'aille les chercher. Ça sera une excursion, bus, 1,6 km de marche aller, idem retour, et puis bus, mais ça me fera une excursion. Je prendrai à boire, à manger, mon iPod, et ça sera parti mon kiki.
Et puis le bonheur se double. La Madame donneuse, sans doute empreinte de pitié à mon égard, propose que son mari, qui passe par là oùsque je bosse, me les dépose. Cool, passque c'est pas que j'aime pas marcher, c'est que j'aime pas marcher quand il fait plus de 23 degrés.
Et puis le bonheur se triple (et c'est là que vous découvrez pourquoi je causais de Paris au début de ce billet) quand je reçois mes assiettes. Les jolies madames, elles posent dans des décors parisiens. Siiiiiiiiiiiiii, je vous jure. Moi qui suis plongée dans le début du siècle dernier depuis quinze jours, à grands coups d'atelier, de photos de vieux journaux et de visites d'orangerie et de parc à l'allure rétro, vlà encore un nouveau signe du destin, mon destin parisien.
Et le bonheur se quadruple lorsque je remercie la Madame et son mari, de leur gentillesse, ajoutant que j'adore mes petites assiettes, et qu'elle me répond qu'elle est ravie, et que sa grand-mère l'aurait été aussi. Ça m'a touchée, je dois l'avouer, d'imaginer cette petite mamy, où qu'elle soit, se réjouissant du fait que ses assiettes ont désormais une nouvelle vie.
Et puis c'est tout, mais je suis sûre que ma prochaine dacquoise framboise ou mon prochain fraisier, ils seront encore meilleurs dégustés sur ces jolies œuvres d'un artistes que je ne connaissais pas, Gaston Le Beuze.
Comme je le disais sur Facebook, parfois, la vie est jolie.
Et j'en profite pour vous faire partager un des textes écrits sur place, dans un magnifique café rétro, en sirotant un thé, m'inspirant de cette photo.
Claire n'est pas majeure. Et pourtant elle part. Demain. A la grande ville, diraient certains. Elle a natté ses longs cheveux noirs et mis sa tenue de scène, pour le plaisir de se plonger déjà dans l'avenir qui l'attend. Sous sa robe blanche vaporeuse de danseuse, elle est totalement nue. Liberté. Liberté chérie, si difficilement gagnée. Au prix de quel effort. Ses pieds nus profitent de ce rare moment de liberté : n'être pas enserrés dans des chaussures douloureusement satinées. Ses orteils pointure 38 se trémoussent. Ils frétillent d'impatience. Ils connaissent leur avenir. Radieux, fiévreux, joyeux. Tandis qu'elle se déplace et remplit sa malle, le voilage de sa robe caresse ses jambes musclées et ses fesses rebondies juste ce qu'il faut. Elle jette, pêle-mêle, ses dessous, ses robes, ses manteaux, ses bottes et ses chapeaux. Elle ne réfléchit pas trop. Peut-être se débarrassera-t-elle directement de ses frusques à son arrivée. Elle ignore encore ce que doit porter un petit rat. Elle se tourne vers son vieil ours en peluche défraîchie, le touche de son long doigt blanc peint de coquelicot et se laisse envahir par la nostalgie. Elle ne l'emmène pas avec elle. Demain, elle quitte son enfance. Elle quitte Hubert l'ours bougon, l'ours réconfort, l'ours trop vieux déjà. Dans sa petite malle, elle glisse sa collection de chaussons, ses justaucorps, ses tutus. Elle ferme les serrures cuivrées du bagage de ses bras minces, les dépose dans le coin de sa chambre, s'assied sur son lit défait, clôt ses yeux et sourit d'aise : demain, tout sera différent. Elle se couche, étend ses longues jambes, pose ses mains sur son ventre plat. Elle est si calme qu'on la croirait morte. A l'intérieur, elle est loin de l'être. Un volcan. Seul le frémissement de ses paupières pourrait la trahir. Elle se tourne, adopte une position fœtale, ceint ses jambes de ses bras, laisse le tissu de sa robe la recouvrir, et, tandis que sa tresse glisse doucement le long de son cou, elle glisse dans le sommeil et la nuit qui la séparent de demain.