C'est assez amusant de constater que lorsqu'on est un peu différent, pour une raison ou une autre, on essaie d'en faire une fièrté du genre "J'suis pas fait dans le même moule que les autres et c'est super !" et pourtant, souvent, on aimerait être dans ce moule, être comme les autres. C'est le cas quand on constate un gigantesque décalage entre nous et les autres, entre nos idées et celles des autres, entre notre perception du monde et celle des autres, entre nos valeurs et celles des autres. On est d'autant plus touché que ce sont des gens qui nous sont proches qui soudain nous semblent (trop) étrangers à nous-mêmes et à notre univers.
On a besoin de se retrouver en compagnie de personnes proches de par leur sensibilité, leurs valeurs, leurs croyances, que sais-je encore... Etre toujours à contre courant finit par peser et ce dont on avait fait une fièrté devient une douleur, voire une souffrance. Etre trop différent, est-ce possible ? Ne jamais être face à quelqu'un qui nous ressemble, est-ce si grave ?
D'un autre côté, on sait bien que personne ne nous ressemblera vraiment trait pour trait, en tous points, comme un frère jumeau ou mieux encore un clone... En fait, on ne le souhaite même pas parce que bien souvent on aurait du mal à se supporter soi-même. C'est vrai, on a des défauts qui nous horripilent et qu'on a d'ailleurs tendance à ne jamais tolérer chez les autres. N'empêche qu'il faut admettre que les rares fois où on se retrouve face à un autre qui semble être "notre double", on se sent plutôt à l'aise, en harmonie avec cet être qui n'est pas nous mais qui nous ressemble tant. On a l'impression de ne faire qu'un et c'est assez magique. Même lorsque ça ne dure que quelques instants, fusionnels, on se sent mieux, moins seul.
Il est nénamoins évident que la différence est une richesse et pour rien au monde il ne faudrait la rejeter et chercher à éviter tout ce qui nous semble différent. Ce serait d'un ennui monstrueux ! Tout ce qui n'est pas comme moi m'apprend des choses sur moi et me révèle parfois à moi-même parce que seul un regard étranger est capable de cela. C'est donc toujours passionnant de rencontrer des gens et de savoir ce qu'ils pensent, comment ils voient les choses, comment ils les ressentent aussi.
Alors, pourquoi ce sentiment parfois d'être "trop" différent, trop en décalage, trop étrange ou même étranger à ce qui nous entoure ? Pourquoi cette envie d'être "comme tout le monde" se mélange-t-elle à notre fierté d'être définitivement original ? Est-ce un manque de personnalité ? De confiance ? De volonté ? qui nous empêche d'assumer complètement cette différence ? Est-ce le poids de la société qui finit par peser trop lourd dans la balance ? Est-ce cette impression de solitude et d'abandon qui, au bout d'un temps pèse lui aussi trop lourd nous poussant peu à peu à nous remettre dans le "droit" chemin quitte à faire semblant, quitte à s'oublier ou à jouer la comédie ?