16 août 1914
Cécile continue de lire L'est Républicain en attendant des nouvelles de Jules...
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16 août 1914 (JMO 37e RI)
4h - En exécution de l'ordre d'opérations pour le 16 août, le 2e bataillon reste à la côte 265, les 1er et 3e se portent sur Bezange la Petite, en contournant la côte 271 par le Sud, puis sur la côte236. Disposition en ligne de colonnes, 3e bataillon à droite, 1er à Gauche. Il atteint ainsi la route Moyenvic-Bourdonnais et détruit la ligne télégraphique. Aucun ennemi n'est signalé.
16 h - Le régiment reçoit l'ordre d'occuper sur le front Juvelize- Donnelay la position 257-261. Le 1er bataillon s'installe en Avant Poste à la côte 261 (1ere et 3e Compagnies) Le 3e à la côte 261 (10e et 12e compagnies). Les 2e et 4e compagnies avec les 9e et 11e pour cantonner à Juvelize, formant réserve de régiment, le 2e bataillon formant réserve à la disposition du général de division, se poste de la côte 265 sur l'usine Cabocel, où il cantonne.
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L’Offensive. — Premiers engagements. (14-18 août 1914.) ("Historique du 37e régiment d'infanterie. France. 1914-1918" )
Le 14 à 2h30, le régiment se porte sur Réchicourt-la-Petite. En franchissant la frontière aux environs de ce village les compagnies défilent devant le drapeau et c’est au cri de ” Vive la France! Vive l'Alsace-Lorraine “ qu’elles le saluent. C’est le te morituri salutant, cri lancé non plus à un César orgueilleux par des gladiateurs, mais jeté à la patrie en danger par des poitrines de héros où palpitent des âmes et des cœurs prêts à donner généreusement leur énergie, leur dévouement, tout, jusqu’au sacrifice suprême.
A ce moment, le canon tonne pour la première fois. C’est une minute inoubliable; une émotion intense et une foi ardente étreignent tous les cœurs.
Quelques minutes après, le régiment est soumis à un feu d’artillerie d’une grande violence. ' Carapace ' commandent les chefs de section, et les hommes se couchent sous la rafale. “En avant, oblique à droite! ” et les belles sections de soixante hommes repartent comme sur le terrain d’exercice. L’attitude du régiment à son baptême du feu est superbe, magnifique. Elle fait bien augurer de ce qu’il sera plus tard.
Pour la première fois depuis quarante ans, le sang français. coule à nouveau sur la terre lorraine reconquise. Le commandant PIERRET (1er bataillon), le lieutenant FELTZ (10e com- pagnie) sont grièvement blessés.
C’est à ce moment que le capitaine HUMBERT (2e) qui devait être tué quelques jours après à Morhange, se signale par sa belle crânerie, restant debout, la cigarette aux lèvres, sous les rafales d’obus, donnant ses ordres comme à la manœuvre.
Les 14 et 15 août, les artilleries se prennent violemment à partie; les infanteries ne s’abordent pas encore, mais la nôtre progresse, sans souci des pertes que lui font subir les “ gros noirs ”.
Le 16, pressé partout, l’ennemi cède sur toute la ligne et se replie. Le 17 et le 18, son mouvement de retraite s’accentue. Nos troupes s’élancent à la poursuite; l’enthousiasme est grand; toutefois, devant la puissance des organisations enne mies que l’on constate à chaque pas, on s’étonne que l’ennemi cède si rapidement, et on se demande s’il ne nous tend pas un piège.