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20 août 1914 (JMO du 37e RI)
A 3h du matin, les 2e et 10e compagnies vont ré-occuper la crête à l'Est de Pévange. A 4h l'infanterie allemande soutenue par une nombreuse artillerie, attaque concentriquement le village de Conthil. A 5h les 2e et 10e compagnies sous les ordres du Commandant de Fontainien, sont également attaqués par une infanterie nombreuse venant de Morhange et se trouve en butte aux coups de l'Artillerie établie au Sud Ouest de Morhange et au Sud de Marthyl. Le village de Metzing est mis en état de défense par les 9e et 12 e compagnies tandis que le 2eme bataillon est appelé d'Habondange au sud de Metzing. Les 7e, 8e et 5e compagnies sont successivement envoyés pour renforcer les 10e et 2e compagnies. Le feu d'Infanterie et d'Artillerie est excessivement violent.Des fantassins allemends tirent des fenêtres de la caserne de Morhange. Les capitaines Humbert et Bruguières, le lieutenant Vandey sont tués. Les capitaines Sirot, Rumpler, Chasles, les lieutenants de réserve Imbaut sont blessés . Les compagnies sont décimées. Le commandant de Fontainieu malgrè sa blessure conserve le commandement de son bataillon pendant 3 heures.
D'après les renseignements obtenus ultérieurement, concernant les officiers, il résulte que le lieutenant Bertrand porté ci-contre comme blessé, fut tué ainsi que le capitaine de Fabry et les lieutenants Toussaint et Lafitte, non portés. Furent également blessés les lieutenants Piéri, Taitrot, Lienhard.
A 11heure, le colonel donne l'ordre aux compagnies de 1ere ligne établies à l'est de Pévange de se replier sur les hauteurs au sud de Riche. Le mouvement est protégé par les 9e et 12 é établies à Metzing et par la 6e compagnies qui va tenir Riche et les hauteurs au sud de Riche. Pendant ce temps, les éléments qui défendaient Conthil avaient été obligés de l'évacuer et s'étaient reformés sur la croupe Nord de Lidrequin.
A 12h30, le général commandant la 11e division donne l'ordre au 37e et au 79e de se reporter par Chateau Voué sur Mainville-les-Vic en coupant par la droite pour s'y reconstituer.
Le régiment arrive à Moinville-les-Vic vers 17h de Mainville-les-Vic, le régiment se porte à Moyenvic où il arrive à 20h. A 22h l'ordre est donné de se porter sur Arracourt. En arrivant au col d'Arracourt le 1er bataillon reçoit l'ordre de s'établir aux avants-postes face au Nord la droite à la route Arracourt-Moyenvic, la gauche au chemin Bezange la grande -Vic. Les deux autres bataillons vont bivouaquer au nord d'Arracourt.
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Bataille de Morhange. (19-20 août 1914.) ("Historique du 37e régiment d'infanterie. France. 1914-1918" )
Le 19, à midi, le régiment, qui a atteint Château Voué, reçoit l’ordre de se porter sur le front Haboudange-Metzing- cote 238 (est de Riche).A 15 heures, au moment où ils débouchent des hauteurs à 1.500 mètres est de Riche, les éléments de sûreté du 1er bataillon sont accueillis par une vive fusillade partant de Conthil et l’artillerie ennemie entre violemment en action.
C’est à ce moment que tombe frappé mortellement d’un éclat d’obus le capitaine GREFF aux côtés du colonel, qui s’était aussitôt porté sur la crête pour juger de la situation et donner ses ordres. C’est le premier officier du régiment tombé au champ d’honneur. Conthil est immédia tement attaqué et brillamment enlevé par les 1ère et 3e compagnies qui font preuve d'un élan remarquable. Pendant ce temps, la 2e compagnie, soutenue par le 3ème bataillon, marche sur Riche et en atteint les lisières malgré les feux violents de l’ennemi. Sur tout le front, l’ennemi a cédé devant l’impétuosité de nos attaques et à la nuit nos éléments avancés ont atteint la crête à l’est de Pévange et celle au nord-est de Metzing et au nord de Conthil. Dans la nuit, l’ennemi, furieux de son échec, tente un retour offensif sur Conthil; il est repoussé et laisse de nombreux morts sur le terrain.
Le 20, dès 4 heures, la bataille reprend avec une intensité particulière. L’ennemi, au cours de la nuit, a fait appel à toutes ses troupes d’infanterie et d’artillerie disponibles dans la région. Il attaque avec une supériorité numérique écrasante.
Le 3ème bataillon et la 2ème compagnie qui tiennent la crête à l’est de Pévange, sont exposés à un bombardement violent d’artillerie lourde, et éprouvent de grosses pertes. C’est là que tombent glorieusement les capitaines HUMBERT et BRUGUIERE, les lieutenants IMHAUS, VAUDEY, BERTRAND, TOUSSAINT et LAFFITTE. Néanmoins, l’ennemi n’arrive pas à nous faire reculer. Galvanisés par l’exemple intrépide du commandant DE FONTAINIEU qui, blessé depuis le matin, a conservé son commandement, nos soldats se couvrent de gloire, et pour céder, il leur faut un ordre de repli.
C’est alors seulement que le 3ème bataillon rompt le combat sous la protection des compagnies installées dans Metzing et dans Riche. Après une glorieuse résistance, ces compagnies réussissent leur tour à se décrocher et se retirent sur les hauteurs au sud de Riche, protégées dans leur mouvement par les éléments qui tiennent ces hauteurs.
Pendant ce temps, l’attaque allemande dirigée sur Conthil que tient la 1ère compagnie, n’a pu progresser que très lentement une à une, les maisons ont été défendues et l’ennemi n’avance qu’au prix de pertes sévères. Ne pouvant plus tenir dans le village même, le capitaine DE FABRY s’est enfermé avec une soixantaine d’hommes dans une maison appelée le Château, à la sortie de la localité. Là, cette poignée de braves tient un bataillon en respect, jusqu’à 2 heures de l’après-midi, et, lorsque l’ennemi pénètre dans le Château, il n’y reste plus que quelques survivants blessés. Le capitaine DE FABRY est au nombre des morts.
Les Allemands ont payé cher l’attaque de Conthil , la prise du Château leur coûte à elle seule 9 officiers tués.
On ne peut songer à ces deux glorieuses mais douloureuses journées des 19 et 20 août sans évoquer le souvenir de la conduite héroïque de tant de vaillants officiers et soldats, et en particulier celle du commandant DE FONTAINIEU ( cité à l’armée) qui, quoique blessé, conserve le commandement de son bataillon pendant quatre heures et le maintient sur sa position jusqu’à la dernière extrémité ; celle du capitaine DE FABRY l'âme de défense de Conthil, que récompense après sa mort glorieuse la croix de la Légion d’honneur; celle des capitaines CHASLE et RUMPLER, des lieutenants ROQUEBERT, BERTRAND, des sous-lieutenants TAITOT et GARINEAU, des adjudants MARCHAL, LAJEUNESSE et MICHEL, des sergents BRUELLE et PRESSIER, blessés eux aussi au cours de la lutte et qui sont soit nommés chevaliers de la Légion d’honneur (capitaines CHASLE et RUMPLER et sous-lieutenant TAITOT ) soit cités à l’ordre de l’armée pour l’élan avec lequel ils ont mené leurs hommes à l’assaut et pour leur opiniâtre résistance aux attaques de l’ennemi.
Beaucoup d’autres actions héroïques restèrent dans l’oubli, car l’habitude de récompenser sans retard les actes de bravoure n’était pas encore entrée dans les coutumes de la vie de campagne. Et cependant, que d’héroïsme dépensé dans ces dures journées, où nous eûmes plus de 800 hommes hors de combat parmi lesquels 27 officiers.