Au centre, le "Commandant Courcelle". Cette photo pourrait avoir été prise en Afrique, mais pas à Bouaké, où il n'existe pas d'immeuble aussi haut que celui présent à l'arrière-plan.
Par esprit d'escalier, alors que je rédige en ce moment un grand papier sur la Centrafrique où est actuellement en cours une opération militaire française, m'est revenu en mémoire le nom du "commandant Courcelle", le militaire qui m'a réconciliée avec les armées en général, et l'armée française en particulier. Non que j'ai été fâchée pour une quelconque raison, mais j'étais comme toutes ces filles un peu écervelées, qui se disent anti-militaristes parce qu'elles ont écouté Boris Vian mais ne savent pas trop de quoi elles parlent...
La dernière fois que j'avais eu le commandant Courcelle au téléphone, c'était il y a plusieurs années et il était alors en poste à Djibouti. Il m'avait d'ailleurs précisé qu'il était désormais lieutenant-colonel. Mais pour moi, il reste "CommandantCourcelles" en un seul mot, car c'est ainsi que tous, journalistes, photographes etc. l'appelions lorsque nous avons été mis en contact avec lui à Bouaké, en Côte d'Ivoire, où il commandait le poste avancé de la Force Licorne.
Donc je cherche son nom sur internet, juste par curiosité, et je tombe sur... son avis de décès. Le lieutenant-colonel Luc Courcelle est décédé le 8 mai à Abidjan. Voici ce que dit de lui probablement l'un de ses frères d'armes : "Luc Courcelle était une figure des paras-colos et du 3e RPIMa, où il a été affecté en 1986 en tant que jeune lieutenant. Très rapidement remarqué pour ses qualités, il rejoint les commandos parachutistes, à la tête desquels il se distingue dans de nombreuses opérations. Il commande ensuite, de 1994 à 1996, la Compagnie d’éclairage et d’appui, qu’il mène au combat lors de l’opération Almandin. Puis il enchaîne les affectations en Afrique, au 8ème RPIMa, à la 11ème BP et au 2ème RPIMa. Au cours de son exceptionnel parcours, Luc Courcelle a par-dessus tout témoigné d’une foi profonde en son métier, et d’un attachement sans réserve à ses subordonnés. Ses qualités humaines unanimement reconnues lui ont valu l’estime de tous. Il laisse une empreinte profonde. Coup du destin, le LCL Luc Courcelle est décédé quelques jours après la mort de son compagnon d’armes et ami Jean-Yves Socard. Que Saint Michel [patron des parachutistes, ndlr] les garde ensemble sous son aile protectrice."
Il était officier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du mérite, croix de la Valeur militaire (trois citations).
Ses obsèques ont eu lieu à Carcassonne.
Je suis stupéfaite : je le pensais jeune, dans la cinquantaine probablement. Mais quel âge avait-il exactement ? De quoi est-il mort ? Comment se fait-il qu'il était à Abidjan ? Toutes ces questions demeureront probablement sans réponse.
Je suis triste, même si ce n'était ni un proche, ni même une "connaissance" comme on dit. C’était juste un homme rencontré dans l’exercice de mon métier, mais franchement, c'était un type bien. C'est vrai, il était profondément humain. Il ne jugeait pas ses contemporains mais tentait de les comprendre, quels qu’ils soient. Il a été avec moi comme il aurait été avec n’importe lequel de ses hommes : attentif. Je lui dois plus qu'une fière chandelle : il m'a exfiltrée de Côte d'Ivoire dans des conditions difficiles, que je relaterai prochainement, histoire de vous distraire, amis lecteurs. Mais en attendant, je voulais juste citer son nom et lui rendre un premier hommage, anonyme et sincère.