En août 2014 un évènement sans précédent passa pourtant inaperçu aux yeux de nombre d’entre nous et des médias en particulier, ceci expliquant certainement cela.
Une météo pourrie s’était abattue sur le pays, le coupant en deux. Les nantis au Sud bénéficiaient d’un soleil et de températures de saison, tandis que les gens du Nord, en fait une grande part de la population, devait endurer la pluie et une froidure désespérante. Bien entendu, le gouvernement ne faisait rien pour améliorer la situation en rejetant la cause sur un anticyclone capricieux ou bien en citant des exemples de pays où c’était pire encore. D’ailleurs, le président lui-même, assurait la main sur le cœur que tous les moyens étaient mis en œuvre pour garantir un retour du soleil avant la fin de l’année, foi d’animal !
Les jours passaient mais dès qu’une timide éclaircie montrait le bout de son nez, elle était dès le lendemain remplacée par des averses ou des giboulées qui interdisaient à tous de faire des projets de sortie dans un futur proche. Ne sachant si demain il ferait beau ou pas, chacun restait chez soi, terré et coi, frileux devant cette absence d’embellie.
On dit souvent que les puissants font la pluie et le beau temps, c’est d’ailleurs sur cette rumeur qu’ils sont élus. Or, si cette première partie de programme était bien lancée, la seconde semblait ne jamais pouvoir venir et même au sein du gouvernement, il était des voix pour rouscailler et tempêter. La tempête accompagnant souvent la pluie, on comprend que ça ne pouvait guère faire avancer les choses.
Bien sûr l’opposition en profita pour gueuler un peu, mais comme elle traversait le désert à cette époque, le peuple associant désert et soleil, en conclut qu’il s’agissait d’une gesticulation de nantis. Point barre.
Quand la météo est en berne, tout le monde fait grise mine. Majorité, opposition, gouvernants et gouvernés, tous avaient un bon motif pour rouspéter et si le couvercle de la cocotte-minute restait encore en place, la soupape de sécurité bruissait en permanence avec une stridence de plus en plus audible. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. La vapeur pouvait s’échapper de l’autocuiseur dans des sifflements affolants, elle ne créait que condensation et nuages porteurs de d’humidité, donc de pluie à venir. On n’en sortait pas.
A l’extérieur du royaume, les peuples étrangers observaient avec malice ou incompréhension, notre bocal. Toutes ces grenouilles s’agitant en tout sens mais sans jamais créer quelque chose de constructif, les étonnaient beaucoup. Certains mettaient sur le compte de nos mains palmées, nos mauvais résultats, sans que cela fût prouvé. Mais tous s’amusaient de voir l’acharnement mis par nos élites pour arriver en haut de l’échelle, à la place unique où trônait le Roi des Grenouilles. A croire que dans ce bocal, ce fût la seule place enviable ?