Je sais pas vous, mais moi…

Publié le 26 août 2014 par Ivanoff @ivanoff

Je ne sais pas vous, mais moi je ne peux plus respirer sans angoisse quand un homme se fait décapiter au couteau par un autre sous pretexte d' intimider l'Occident ou d'asseoir un pouvoir...

Je ne peux pas, parce que j'ai mal, parce que se pourrait être mon enfant, parce que je ne comprends pas tant de haine et que je ne vois pas comment endiguer ce tsunami d'horreurs qui submerge le monde...

Même si tout ça n'est pas nouveau, même si depuis des centaines d'années l'homme n'avait jamais su faire autrement...

"Ce siècle là se devait d' être religieux (ou spirituel me dit-on) ou de n'être pas" , aurait dit Malraux ?...

Mais de quel Dieu parle t'on ?... Ou de quelle nécessité de s'appuyer sur la religion pour justifier de l'injustifiable ?...

Je reprends mot pour mot ce qu'un ami, à mon sens clairvoyant, me disait l'autre soir quand je l'interrogeais sur cette phrase qui de prime abord peut sembler prémonitoire :  "La religion est a la spiritualité, ce qu'un pack téléphone/ internet / télévision est a la télécommunication. Un raccourci bien pratique, pour ceux qui habillent leur doute avec la foi! Pour les autres reste la philosophie et le doute"...

Je refuse de m'habituer à l'abjection...

Impuissante.

Je suppose bien qu'aucun peuple n'est innocent du malheur des autres...

Je peux entendre, que, dans certaines circonstances, la vengeance puisse être, à tort, envisagée comme un moyen d'en supporter  l'injustice... Mais la vengeance sur des innocents est-elle concevable quand déjà ma conscience me suggère que sur le pire des coupable elle est discutable ? Quel crime peut en faire mieux supporter un autre ?...

Je peux tout entendre pour tenter de dissuader quiconque d'user de l'abomination...

Mais qu'entendre dans cette cacophonie de discours, dans ces guerres dont bientôt on n'a oublié la première raison et dont on ne retient plus que le "dent pour dent"...

Que faire de ces industries qui vendent les armes qu'on leur réclame et fabriquent la mort, procurant des emplois à ceux qui n'en auraient plus si le monde soudain devenait pacifique, et feraient à leur tout montre de violence pour le reconquérir ?...

Je revendique ma naïveté comme diront certains... Je refuse d'être cynique, pour faire semblant de n'avoir peur de rien...

Que comprendre à ces économies devenues folles si toutefois elles furent un jour sensées, puisqu'elles ne tiennent debout que parce qu'elles font commerce de notre folie ?... Jusqu'à ce que chancelantes sur des monnaies de papier, elles ne s'écroulent et ne génèrent encore que misères et rancoeurs ?...

Je ne comprends rien à ces discours de ministères, je sais bien qu'un peu de bon sens ne suffirait pas à l'affaire, mais ne nuirait à rien ni à personne...

Je ne peux oublier cette vidéo, que je n'ai pas vue, et dont je n'aurais, de toutes façons, pas eu le courage de soutenir l'atrocité, alors que cet homme, lui, dû la pressentir, l'attendre et  la subir... Je ne veux pas imaginer, et pourtant mon cerveau ne me demande pas mon avis... Et j'en tremble d'épouvante avant de vomir mon impuissance et celle du monde entier...

Je ne peux continuer à vivre ma petite vie de française moyenne, qui ne connait ni la faim ni le froid, ou pas encore, je ne peux continuer à recevoir mes remboursements de sécurité sociale bien que je n'en abuse pas, je ne peux courir les magasins à la veille de cette rentrée d'automne, ou faire mon jogging bien à l'abri des snippers et des missiles de Gaza ou d'ailleurs, je ne peux enfin pas voir mes petits-enfants sans m'interroger, horrifiée, sur l'avenir qu'on leur a préparé... J'en fais mille cauchemars et autant d'insomnies...

Je m'écroule sous ce que je soupçonne d'hébétation, d'effroi et de douleur, d'incompréhension et d'anéantissement que ce meurtre abject a pu susciter chez ses parents, sa famille, ses amis et j'espère sur des millions de quidams...

Et  je me désespère que toute cette horreur quotidienne, qui au-delà de James, au-delà des enfants et de leurs parents sous les décombres de Gaza, que bien au-delà des monstruosités d'Afrique, de Syrie, d'Ukraine et de tant d'ailleurs, car s'il fallait toutes les citer, cette pauvre rubrique n'y suffirait pas davantage que mille colones dans un million de journaux avisés, rien ne semble vouloir faire évoluer l'Homme dans le sens d'une Humanité à la hauteur de la "Chance" qu'il a d'être sur Terre... Honte à lui de ne savoir rien en faire d'autre que ce naufrage insensé et cette cruauté indicible...

« Ce qui ne peut s'enseigner que par des coups et au prix de la violence ne portera que de mauvais fruits.  »

de Martin Luther King