Je sais, je sais, je ne devrais pas regarder les articles sur la Rentrée littéraire. D'abord parce que je m'en fous, ce blog antédiluvien doit bien pouvoir le prouver, ensuite parce qu'évidemment, à guetter son nom dans les gazettes, même à son corps défendant, on dépense quand même pas mal d'énergie pour rien - ou presque : un petit shot d'ego de temps en temps au milieu d'un océan dont chaque vague vous rappelle, s'il en était besoin, qu'on est bien peu de choses, ma bonne dame.
Je me souviens d'avoir entendu fortuitement, un lointain soir de septembre, la conversation de quelques personnages secondaires du petit monde littéraire (disons, des auteurs de division 2) commentant leur Rentrée. Untel évaluait ses chances d'avoir un papier dans Elle, tel autre évoquait ce journaliste de Libé qui lui avait promis que, etc. Le petit monde des lettres ne semblait que faveurs et retours d'ascenseur, et la condition d'auteur semblait bien triste quand on décidait d'entrer dans la ronde.
On connaît le(s) remède(s) : se rappeler que la Rentrée n'est qu'une fiction et que seuls les livres sont réels, aller ailleurs sans se soucier de voir si on y est ou pas, faire autre chose, regarder dehors et non dedans, reprendre Truc#5...
Mais parfois, avouons-le, les forces obscures sont plus fortes, et la tentation est toujours grande de mettre un pied dans le cercle à défaut de mettre les deux dans le plat.
Alors bon, me disais-je, quitte à avoir la Rentrée dans la tête, autant en faire quelque chose. Un portrait, par exemple. Non pas un portrait de cette-rentrée-2014 (laissons ça aux professionnels), mais un portrait intemporel de la Rentrée en tragédie classique. Un feuilleton en cinq actes au canevas immuable et au scénario bien huilé – un scénario où seuls les acteurs changent, et de temps en temps (mais alors, rarement) les producteurs.
La Rentrée littéraire pour les Nuls, en quelque sorte. Le scénario dévoilé à l'avance, scène par scène, un zeste de coulisses, et quelques exemples réels pour rigoler un peu.
Allez, je m'y colle. Installez-vous tranquillement à la buvette, je vous préviendrai. D'ici là, bonnes lectures.