Par Allain Jules
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Vladimir Poutine
L’arnaque occidentale et ses indignations sélectives ont un peu trop durées ? Le blanc-seing donné à Kiev pour tuer des innocents ou bombarder sans discernement dans des villes comme Lougansk ou Donetsk, ses propres citoyens, vient-il de prendre fin ? En effet, entre la déclaration du président russe Vladimir Poutine, qui fait jaser en ce moment et la gesticulation de Kiev, qui ne voit sa défaite qu’au prisme russe, il n’y a qu’un pas. Poutine a-t-il assommé définitivement ses détracteurs ?
Le président russe a déclaré qu’il fallait désormais penser à l’indépendance du sud-est ukrainien, à la création d’un état dans cette zone. Une façon astucieuse de dire que la Russie n’a pas besoin de s’étendre vers l’Ukraine après le coup fumant de la Crimée. Mais, la Russie pense que, pour que cesse la guerre et des morts inutiles dans le Donbass, il faut une autodétermination des peuples de cette région. Restant dans la logique russe et surtout le droit international, le président russe est en train de donner une véritable leçon de choses à l’Occident.
Malin et adroit comme un singe, Poutine a mis le débat sur la table. Il ne peut plus quitter cette table des négociations à venir car, Kiev est au pied du mur. Si la logique syrienne prônée par l’Occident est appliquée à l’Ukraine à savoir pas de négociations (ici avec les terroristes et en Syrie avec le pouvoir de Bachar al-Assad), alors, in fine, Kiev perdra, comme le suggérait plus tôt dans la journée Alexandre Sivov, incompris, mais qui, entre les lignes, veut plus que tout, une intervention moscovite depuis le début du conflit. D’une part, pour arrêter le bain de sang dans le Donbass, et d’autre part, pour que Moscou s’affirme plus en refusant de prêter le flan aux salmigondis occidentaux.
La subtilité avec laquelle le président russe a manoeuvré est en train de dérouter les Occidentaux qui ne savent plus à quels saints se vouer. Elle survient quand l’Occident pensait avoir marqué des points avec ses sanctions à la noix, oubliant sans doute que dans l’opinion publique russe, la guerre du Donbass est une affaire russe avant toute autre considération. Qu’est-ce à dire ? Contrairement à la propagande de la presse mainstream occidentale, les habitants du sud-est ukrainien, sont pour la plupart russophone et russophile. Cette dimension a sans doute échappé aux officines qui déblatèrent à longueur de journée sans toutefois comprendre que c’est le su-est ukrainien et la Russie, c’est le même ADN.
Comme je le disais lors d’une interview que je donnais sur La Voix de la Russie, il n’y avait que deux options possibles: soit la soumission pour le Donbass, soit une intervention russe seule à même de ramener la paix. Les faits semblent me donner raison mais la route est encore longue, que dis-je, très longue vers une paix durable. A force de manipuler des leaders de pacotille à travers la planète, le mensonge chevillé au corps et le cynisme comme mode de fonctionnement, le risque d’un effet boomerang se présente encore une fois devant l’Occident arrogant, imbus de sa "puissance" et perdu dans ses rêves chimériques…
Si le président russe Vladimir Poutine a jeté ce pavé dans la mare, c’est surtout pour montrer au monde que, lui, en tant que joueur d’échecs, sait à quel moment il faut faire avancer les choses ou placer ses pions. Ses détracteurs le comprendront certainement à leurs dépens. Son habilité fait perdre toute crédibilité aux thuriféraires d’un faux ordre moral, habillé d’hypocrisie et de couardise. N’est-ce pas Barack Obama, le président américain disait récemment que la Russie ne sera pas attaquée militairement ? D’ailleurs, les sanctions, vu le contexte russe, glisseront comme de l’eau sur la peau d’un reptilien. Moscou, par la voixc de Poutine demande à l’Europe de faire preuve de "bon sens". Tout est dit…
Plus prosaïquement, le leader russe a-t-il sonné le glas de ce mensonge abyssal qui, d’Irak en Afghanistan, en passant par la Libye et la Syrie, fait croire que l’ordre moral est du côté de l’oncle Sam ? Car en effet, les Etats-Unis, grand organisateur du désordre mondial actuel ne peuvent plus bénéficier de la dynamique unipolaire. Le monde multipolaire est une aubaine pour certains pays, notamment africains, de se tourner vers la Russie. Les pompiers pyromanes sont à la peine. Il est grand temps de les achever définitivement…