Notes en chemin (124)
Des mots pour le dire. - Le silence de l’aube et des fins de journées, à Sils-Maria, semble l’expression même de l’harmonie sereine qui règne autour des lacs cristallins dans lesquels se reflètent les montagnes, et l’on hésite à donner dans le tourisme littéraire, mais aprèsThomas Mann évoquant « le plus beau séjour du monde », Hermann Hesse et Rilke on trouvé les mots les plus sensibles pour traduire la magie de la Haute-Engadine. Pourtant c’est Nietzsche, sans doute, qui aura su le mieux en parler au moment même, en juillet 1881, où il concevait Ainsi parlait Zarathoustra, confiant à Peter Gast dans une lettre: « Le soleil du mois d’août est au-dessus de moi. L’année avance. Par delà monts et forêts, tout devient plus calme, plus paisible. À l’horizon se forment des idées telles que je n’en avais jamais eu de semblables »…
« J’étais assis, attendant sans attendre,
au-delà du bien et du mal, savourant
tantôt la lumière, tantôt l’ombre :
Tout n’étant que jeu : le lac, le midi, le temps suspendu.
Et c’est alors, ô mon amie, qu’un se fit deux
Et Zarathoustra passa à côté de moi »…