
Notes en chemin (122)
Magie des noms. - D’un côté s’ouvrait là-bas le plein sud du nord en Haute-Engadine, mais j’avais en projet de pousser d’abord une pointe en ce val Sinestra dont la musique du seul nom m’attirait, en repassant par Guarda aux maisons enluminées, et me voici donc glissant le long de l’Inn en me remémorant mon dernier passage, à Sent, au backpacker tenu par le jeune Jonas.


Nulle radinerie de ma part dans ce choix modeste d’un vieil établissement sans confort standardisé, mais au rêveur solitaire suffisent un bon lit et une bonne table, une bonne connexion à l’Hypertexte mondial et une belle vue par une grande fenêtre sur les monts et le ciel.
Jonas contre Kafka.- Ce qu’il y a de bien dans la fiction c’est qu’on y est plus libre que dans un récit en première personne, par le truchement des personnages. Ainsi, tout en relisant la Lettre au père, de Kafka, n’aurai-je cessé, en parcourant les Grisons, de penser à ce Jonas en lequel je vois l’opposé souriant du narrateur de l'atroce missive, en fils ni soumis ni ressentimental mais fondant sa liberté sur une façon de renaissance personnelle sous immunité acquise. J’avais commencé à raconter Jonas à mon ami Sergio, j’ai continué de le décrire à Robert Indermaur, j’en ai parlé à ma bonne amie et au jeune Maveric sur Facebook, enfin demain je l’arracherai au papier…
