Notes en chemin (126)
Droit de réserve. - « Sils-Maria me permet de dire FUCK » a déclaré, sur je ne sais quelle estrade médiatique, l’actrice Kirsten Stewart à propos du film dans lequel elle tient le second rôle.
Quant à Juliette Binoche, dans le même beau et lent film d’Olivier Assayas cristallisant la mélancolie de l’âge glissant en nous son serpent de brume, elle dit à un moment, en anglais, « I had a dream », relançant la formule de Martin Luther King.
Avant la projection du film, le publicité dela firme ORANGE s’exclame, comme Barack Obama un jour déclaré historique par les médias, « Yes we can », ou quelque chose dans ce goût-là. Formules d'époque...
Au droit désormais imprescriptible de dire FUCK s’associe ainsi,dorénavant, le droit non écrit de ne pas dire FUCK…
Souvenir du val Fex. – Nous avons failli perdre notre première petite fille, il y a trente ans de ça, à l’hôtel du Val Fex dont l’absence de barreaux d’une barrière de la terrasse du deuxième étage permettait à un enfant de deux ans de s’aventurer sur la corniche surplombant une dalle de béton, cinq mètres plus bas : mort assurée au milieu de « l’un des plus beaux paysages du monde ». La mère et le père, ce jour-là, s’avancèrent sur des patte de colombe pour cueillir leur merveille au dam du dieu maléfique.
Dans le film d’Assayas, l'aura du paradisiaque val Fex revêt également sa part d’ombre, et c’est en redescendant sur Sils-Maria que Maria Anders (Juliette Binoche à la ville) perd son assistante et jeune amie qui a découvert (ou cru découvrir) sa liberté en lâchent le (trop) fameux FUCK. Le film pourrait s’achever à ce moment-là. Mais la vie continue…
Dans la peinture chinoise, le philosophe et poète se trouve toujours en position mineure, tout enveloppé par la grandeur de la Nature. C’est ce que rend aussi, à sa façon, le film probe et mélancolique d’Olivier Assayas, dont la « musique » s’accorde si bien à la majesté splendide, mais ombrée d’ombre, de Sils-Maria…