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LA BLAGUE DU JOUR. Selon Al-Jazira, le Qatar est une démocratie très avancée

Publié le 05 septembre 2014 par Menye Alain
«Al-Jazira ne prend pas de parti. Nous ne sommes pas politiques, pas idéologiques, ni même commerciaux». Mostefa Souag. (GMF)

Entre splendeur perdue et désinformation comme mode de fonctionnement, Al-Jazira, la chaîne qatarie ne sait plus à quels saints se vouer pour redorer son blason. Mostefa Souag (photo), le directeur général par intérim du réseau Al-Jazira (Al-Jazira Media Network), de passage en Suisse, a fait la déclaration la plus loufoque qui soit. Selon lui, «Al-Jazira ne prend pas de parti. Nous ne sommes pas politiques, pas idéologiques, ni même commerciaux». Barre de rires ! 

Mostefa Souag est l’invité ce vendredi de la 17e Fête de la communication, organisée par le Club suisse de la presse. Il a répondu à une interview du journal Le Temps. Insoutenable, folle et surtout minable, cette interview est un cas d’école. Vous ne pourrez pas aller au bout. En réalité, Al-Jazira ne tient encore que parce que ce sont les pétro-dollars et les pétro-gaz qui la financent.Il ne manquait plus que, dans ce torchon, il ne dise que le Qatar est une très grande démocratie reconnue devant l’Éternel et les hommes. Pour ce gugusse, qui ne parle de révolution que chez les autres, c’est à pleurer de rage et de rire…Visiblement, Al Jazira n’a pas pris parti en Egypte, en Syrie ou même en Libye. Honteux !

Je vais vous laisser découvrir sa réponse à la première question de Le Temps, et vous aurez à la fois l’envie de gerber et celle de rire aux éclats.

Le Temps: Le monde arabe est à feu et à sang. En Égypte, vos journalistes ont été condamnés à de lourdes peines de prison en juin dernier. En Syrie, des journalistes américains viennent d’être décapités par l’Etat islamique. Peut-on encore faire son métier de journaliste dans le monde arabe ?

Mostefa Souag: Personne n’ignore qu’être journaliste dans le monde arabe, c’est remplir une mission très difficile, très risquée. Nous espérerions qu’après les printemps arabes, les révolutions apporteraient la liberté des médias comme elles affranchiraient les peuples des dictatures. Nous pensions que l’avènement de la démocratie entraînerait le respect des droits de l’homme, y compris celui de s’informer. Celui-ci ne peut s’accomplir qu’à travers un journalisme professionnel. Malheureusement, les contre-révolutions ont fait dérailler ce processus. Cela a été le cas en Egypte, comme ça l’est actuellement en Libye, où s’affrontent différentes factions, au Yémen, et en Syrie, bien sûr. Des millions de vies y sont menacées, y compris celle des journalistes.

Nous imaginions que l’Egypte connaîtrait une évolution différente. Le coup d’Etat a mis un terme au processus démocratique. Elle ne s’en sortait pourtant pas si mal: sous Morsi, les médias étaient libres et les journalistes n’étaient pas harcelés, quoi qu’on ait pensé de son idéologie. Al-Jazira y faisait son travail comme partout ailleurs, avec professionnalisme. Après le coup d’Etat, nous avons continué à le faire: donner toutes les nouvelles, en offrant une plateforme aux différents points de vue pour qu’ils puissent s’exprimer. Mais le nouveau régime ne voulait plus qu’une seule voix. Et au même titre qu’il a oppressé certains médias égyptiens, Al-Jazira n’a plus été la bienvenue puisque nous insistions pour présenter tous les côtés de l’histoire. Personne n’est en mesure de prouver que cela n’a pas été le cas. Nous sommes devenus l’ennemi, et dans la nuit même qui a suivi le coup d’Etat, nos employés ont été agressés par des policiers et leurs équipements ont été confisqués. Puis il y a eu des arrestations. Les autorités ont accusé les journalistes d’Al-Jazira de soutenir le terrorisme, et de faire partie des Frères musulmans: c’est un non-sens total. Certains de nos journalistes ne sont pas même musulmans. Durant le procès, l’accusation a été incapable de produire le moindre reportage qui aurait pu attester de l’aliénation de nos journalistes. Nous avons couvert les grandes manifestations d’avant le coup d’Etat 24 heures sur 24, exactement de la manière dont nous l’avons fait sur la place Tahrir au moment de la révolution, et pour les manifestations à Rabiya lorsque les partisans de Morsi ont demandé sa libération.

Bon, on se calme !


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