Sendero Luminoso

Publié le 21 mai 2008 par Eric Mccomber

Quand je rentre au campement sur Rosie, on emprunte un chemin qui longe une falaise escarpée en diable ! Même en serrant les cocottes à fond, on descend plutôt vite, et lorsqu'il pleut, ça glisse. Dans le virage, il y a une section où, véritablement, ma tête et mes épaules passent au dessus du vide. Un petit coup de reins et je pourrais éteindre la lumière du frigo. J'ai rêvé de ça avec insistance, avant de partir, en septembre. J'imaginais exactement cet abysse, l'océan, l'air vif, la pente, les roues qui croustillent dans les feuilles sèches et les aiguilles de pins. Je désirais cet instant voluptueux de choix total. Le premier jour ici, chargé à bloc et très fatigué, j'ai fait mine de ne pas reconnaître le lieu, mais j'avais un déjà-vu. Ensuite, j'ai vaqué. La tente, la douche, les rigoles, les doubles et triples sardines, l'isolation contre la pluie des bidules fragiles, le petit confort, la popote, le dodo… Les actes s'enchaînent. Depuis mon arrivée, chaque jour je passe par là. Pour le moment, on dirait bien que ma place est encore de ce côté-ci de la clôture. Le passé à l'Ouest et le présent dans le sable. Le vent se lève et chaque nuit, je dors sur la terre.© Éric McComber