Les automates menacent les services après l'usine et bientôt la civilisation.
Dernier volet d'une série d'enquêtes menées, cette année, par le Pew Research Center, pour marquer les 25 ans du web, ce rapport couvre les vues des experts à propos des avancées de la robotique et de l'Intelligence Artificielle (I.A.) à l'horizon 2025, et leur impact sur le travail et l'emploi.
Sur les 12.000 personnes contactés, environ 1900, en grande majorité des États Unis, se sont sentis assez inspirés pour répondre, de manière informelle, à la question qui leur était posée.
Le résultat qui, s'il n'est pas à proprement parler celui d'une enquête scientifique, ni même d'un sondage, étant le fruit d'une participation volontaire d'experts, identifiés comme tels (Cisco Systems, Microsoft, Google, MIT, etc. etc.), dessine, cependant une certaine vision de l'avenir.
Voitures sans chauffeurs, agents numériques, qui peuvent agir à votre place, les robots progressent rapidement.
Les automates, les applications de l'Intelligence Artificielle et les robots, auront-ils remplacé plus d'emplois qu'ils n'en auront créé en 2025 ?
Décrivez dans quelles proportions les robots et l'I.A. auront perturbé le quotidien des 'cols blancs' et des 'cols bleus'.
Quel sera le niveau d'intégration de l'I.A. et de la robotique dans le paysage quotidien.
Décrivez quels segments de la vie des gens changeront le plus et lesquels seront épargnés.
Une première constatation s'impose, la grande majorité des experts interrogés, prévoit qu'en 2025, la robotique et l'Intelligence Artificielle auront imprégné de vastes pans de la vie quotidienne, avec d'importantes conséquences pour certains secteurs d'activités tels que la santé, le transport, le service clientèle et la maintenance à domicile.
Soyons clairs, mon fils, qui a dix ans, ne pense pas avoir besoin d'apprendre à conduire, un jour, ou à devoir faire ses courses, parce qu'il dit qu'il n'aura qu'à cliquer sur ce qu'il veut pour le faire arriver, assure une participante, tous le fondamentaux de notre vie peuvent et seront automatisés : De conduire une voiture à faire ses courses !
Mais les participants se séparent en deux groupes presque égaux sur l'impact des changements sur marché du travail.
Les optimistes (52%) espèrent que l'automatisation va générer des emplois et l'opportunité de redéfinir la relation de la société au travail, les pessimistes (48%) décrivent une vague d'automatisation dans le secteur des emplois de service ou seuls les très qualifiés pouront espérer conserver un emploi.
Un chômage de masse de très longue durée s'installerait, conduisant à des émeutes violentes. Ils se mettent, cependant, d'accord sur le fait que le système éducatif et les institutions politiques ne sont pas préparés à cette révolution industrielle à venir.
Si la culture populaire se plaît à nous présenter des super-flics humanoïdes ultra puissants (robocop, terminator) ou des valets de chambres serviles et obséquieux (C3PO des 'guerres de l'étoile' ou Robby de 'la planète interdite'), la plupart des experts qui ont répondu au questionnaire, voient la technologie évoluer dans une direction qui ressemble plus à celle de HAL dans '2001, l'odyssée de l'espace', avec des machines intelligentes profondément intégrées dans les infrastructures de la vie de tous les jours et au travail.
Pensez 'Intel Inside' !
En 2025, l'intelligence artificielle sera intégrée à l'architecture de l'entreprise et des communications.
Augmentant la pertinence, diminuant les bruits de fonds, augmentant l'efficacité et diminuant les risques en général.
Nous serons reliés à des instruments d'assistance personnelle, la plupart à commande vocale.
Nous attendrons des ordinateurs qu'ils anticipent nos besoins.
Cette technologie rendue invisible, est appelée à remplacer ceux que certains appellent déjà, non sans mépris, les 'travailleurs invisibles' : Combien d'entre nous se rappellent le visage du contrôleur dans le train ? Admet l'un d'eux.
Au fur et a mesure que des automates prendront place des humains dans la vie quotidienne, certains pensent que la politesse et la courtoisie, tomberont en désuétude, les usagers s'adressant aux machines de manière impérative !
La société prendrait le chemin de l'isolement social, un désert ou l'interaction humaine deviendrait un luxe.
Observez ce qui se passe dans un aéroport, les gens sont assis les uns à coté des autres avec chacun un objet leur permettant de communiquer avec un autre objet.
Le monde va être plus bureaucratique et froid qu'il ne l'a jamais été.
Beaucoup attendent de l'avènement des voitures sans conducteurs une amélioration générale de la circulation routière (ang) :
L'impact sera immense en simple terme de décongestion du trafic et donc de baisse générale des coûts d'assurance et de transport...
Comment pourraient-elles faire pire que les humains égoïstes, agressifs, saouls qui ont fait de nos routes un bain de sang, depuis des décennies !
Leur apparition, à grande échelle, devra s'accompagner de profonds bouleversements, à tous les niveaux du secteur, du design aux aménagements routiers (ang)
Ce qui impliquera la disparition progressive, ou brutale, des emplois de conducteurs.
De nombreux experts prédisent le même bouleversement au niveau de la santé et du service à la personne :
Il y aura des robots dans les hôpitaux et les hospices.
Des applications basiques de télémédecine seront mises à la disposition des populations isolées ou paupérisées.
Le concept de 'docteur-dans-la-boite' sera largement développé pour les premiers soins, et les procédures de base (Le Figaro).
Un certain nombre évoque ses inquiétudes quand à l'automatisation constante de la défense, de la surveillance et de la police.
Notamment à l'arrivée des premières versions de robocop dans les rues avec divers systèmes de détection infra-rouge, thermiques, reconnaissance faciale reliée à un centre biométrique, etc. :
La question intéressante est de savoir s'ils seront munis d'armes non-léthales et quelle sera la réaction des gens après que plusieurs bavures -inévitables, auront-eu lieu ?
Beaucoup annoncent une arrivée rapide, voire brutale, des robots dans la vie quotidienne, comme le fut celle des smartphones en leur temps.
Cependant, certains pensent que les progrès resteront limités, dans un premier temps, avant que le marché n'accorde sa confiance :
La robotique restera une niche, avec seulement quelques applications marquantes dans le secteur bancaire ou celui des transports.
Certains affirment que des facteurs sociologiques et politiques tels que la multiplication des régulations, la peur des responsabilités ou la résistance des foules, notamment, feront obstacle au 'tout-numérique' et empêcheront les remplacements massifs d'emplois.
Plusieurs participants prévoient que quelques incidents retentissants, résultant de mauvaises décisions des machines, que jamais un humain n'aurait pris, n'occasionnent un rejet brutal de la technologie qui ralentirait sa percée.
La Google car et sa tète de Koala...
"A court terme ça détruit des emplois" et sur le long terme nous sommes tous morts (Keynes)N'importe quel pays qui veut une économie compétitive, s'assurera que la plupart des citoyens soit employés comme ça ils pourront payer en retour des biens et des services !
52% des experts interrogés attendent de l'arrivée massive des nouvelles technologies sur le marché du travail, un effet positif sur l'emploi, se basant sur l'histoire de la révolution industrielle ou le progrès technique a toujours généré autant ou plus de nouveaux emplois qu'il n'en a remplacé :
A court terme ça détruit des emplois mais pas sur le long terme, on ne trouve plus de garçon d'étage dans les ascenseurs en occident...
Les experts optimistes envisagent que les emplois vont muter, au rythme de leur destruction, dans des formes qu'on ne peut pas encore imaginer.
Ce nouveau marché de l'emploi offrira des opportunités à des personnes très qualifiés et habitués au nouvel environnement technologique.
Plus que jamais, nous avons besoin d'une armée de brillants codeurs pour créer, améliorer, réparer et apprendre aux robots à agir convenablement.
Mais nous auront toujours besoin de gens pour l'empaquetage, le montage, les dépannages de proximité.
Le col du future est une capuche !
De nombreux secteurs d'activités qui requièrent des qualités spécifiquement humaines comme l'empathie, la créativité, le jugement et une pensée critique ne pourront jamais être remplacé par la technologie.
Les experts parient sur le fait que notre besoin d'avoir une interaction avec nos semblables empêcheront de nombreuses entreprises de faire le choix de l'automatisation totale.
Il faut dire la vérité, les ordinateurs ne sont pas si malins, ils peuvent opérer selon la logique mais il sont incapables d'inspiration, de créativité, ou d'intuition, explique l'un d'entre eux.
Les machines intelligentes suivent un programmes régit par des lois strictes et la loi a depuis le début eu besoin de l'intervention humaine pour éviter de se conduire comme une idiote.
Le travail humain, 'fait main', pourrait connaître une revalorisation à tous les niveaux qui pourrait idéalement conduire à une re-localisation voire une ré-humanisation de l'économie.
Le concept même de Travail serait amené à changer radicalement.
Beaucoup espèrent, non sans angélisme, que le changement à venir permettra de renégocier le type de contrat social existant autour du travail et de l'emploi.
C'est une bonne chose, tout le monde veut plus d'emploi et moins de travail.
La notion de travail comme moyen de redistribution de la richesse, née avec la Révolution Industrielle devra évoluer, pour le bien-être de la société.
D'un autre coté, 48% des participants sont convaincus que les applications de l'I.A. et des robots à l'économie, vont remplacer plus d'emplois qu'ils ne vont en créer d'ici 2025.
Les syndicats paraissent complètement dépassés par le phénomène et se montrent incapables de prévenir l'apparition d'un chômage permanent et l'émergence d'un 'surplus humain'.
Est-ce que quelqu'un pense sérieusement que l'impression 3D va générer plus d'emploi qu'elle n'en a déjà détruit ?
Le processus est déjà en marche et la logique de notre économie va contribuer de manière certaine au remplacement de l'homme partout où cela sera possible.
D'après une récente analyse menée à Oxford (ang), environ la moitié de tous les emplois subira les conséquences de l'arrivée des systèmes autonomes et des robots, seules subsisteraient les professions qui demandent des aptitudes spécifiquement humaines telle la créativité ou l'heuristique.
La destruction d'emplois par la robotique, qui avait surtout touché les 'cols bleus' à l'usine, jusqu'ici, arrive au niveau des services et menace de la même manière les 'cols-blancs' dans les bureaux, jusque là épargnés.
De nombreux emplois administratifs de contrôle ou recherche de documents sont dores-et-déjà remplacés par des algorithmes de codage prédictif :
L'arrivée des avatars électroniques, avec de réelles aptitudes au travail, ne se compte pas en décennies mais en années.
Dans dix ans il y aura des milliers d'assistants juridiques, et de médecins au chômage.
La classe moyenne sera tirée vers le bas (Courrier Internat.). Ces experts pensent que de plus en plus de gens vont se retrouver éjectés du marché du travail à travers le monde, subsistant d'allocations et profitant de l'incroyable baisse du coût des produits.
C'est la fin du 'bon travail' pour une 'bonne paye'.
Ils craignent que les quelques emplois subsistants ne soient réservés aux seuls qui seront assez qualifiés et compétitifs pour les obtenir, qui pourront alors négocier des salaires dix à vingt fois supérieurs à ceux d'aujourd'hui :
Le gagnant prend tout !
Un profond fossé va se creuser entre entre les travailleurs hautement qualifiés, ceux qui travaillent, même occasionnellement, et les autres donnant naissance à une sous-classe d'inemployables, en continuelle ébullition.
La société serait livrée à une forme chronique d'agitation sociale et parfois à des émeutes.
Cela va faire de la vie des 1% au sommet, un paradis virtuel et un enfer bien réel pour les 99% en bas (ang).
Une situation aggravée par l'absence totale de propositions de la part du monde économique et politique, qui n'a, jusqu'à ce jour, présenté aucun projet d'accompagnement durable, de cette nouvelle vague d'automatisation.
Que sont les humains pour un monde qui n'a pas besoin de leur travail et ou une minorité suffit pour faire fonctionner une économie robotisée ?
Que restera t-il, le Capital (propriété), la créativité (participation humaine), et peut-être, la compétition (sports, jeux, autres compétitions entre humains) ? (Gizmodo)
Tous les participants se mettent cependant d'accord sur un thème qui revient souvent dans les réponses : les institutions sociales existantes, particulièrement le système éducatif, ne sont pas en mesure d'affronter ces défis.
La plupart des experts interrogés s'inquiètent de savoir quel rôle va bien pouvoir tenir l'école, telle qu'elle accueille les élèves aujourd'hui, dans un futur ou l'ensemble des connaissances sera accessible, immédiatement, à partir de son téléphone :
Les autodidactes s'en sortiront bien comme toujours, mais la grande masse des gens est formée pour une économie obsolète.
Le système éducatif continue d'asseoir les élèves en rangs et colonnes en leur apprenant à rester tranquilles pour une vie de salarié du XXe siècle.
Quel intérêt de continuer de satisfaire les besoins de Henry Ford, d'une force de travail compartimentée ?
Enfin, quelque soit l'avenir qu'ils imaginent, du plus sombre au plus radieux, une grande majorité insiste sur le fait que rien n'est inéluctable. Ce sont -encore- les humains qui sont aux commandes :
En la matière, rien n'est gravé dans la pierre !
Ce n'est pas simplement parce qu'une technologie existe qu'elle doit être adoptée !
Une bonne raison pour laquelle les maisons intelligentes n'ont jamais réussi à être adoptées, c'est qu'une maison stupide fait largement l'affaire.
Le techno-déterministe pessimiste pour lequel l'automatisation signifie une perte sèche d'emploi et la fin de l'histoire, contre le techno-déterministe optimiste, qui prédit de meilleurs boulots avec moins de travail, font tous les deux l'erreur de confondre issue possible et inévitabilité.
Tout dépend des choix politiques et sociaux.
Notre ville a des balayeurs de rue et a récemment introduit un programme de recyclage très efficace qui ne nécessite plus de tri sélectif.
Dans les deux cas les automates font, plus rapidement et à moindre coûts, un meilleur travail.
Mais le conseil municipal a remarqué que les bénéfices sociaux de ne pas introduire cette technologie mais de conserver les emplois des gens à la place, dépassaient de loin toutes les économies possibles.
Il faut bien se rappeler que nous avons le choix d'appliquer cette technologie totalement, partiellement ou pas du tout !
L'un des participants émet de son coté une inquiétude très spécifique :
Si les seuls emplois restant sont ceux qui demandent de l'empathie comme qualité essentielle (enseignement, service à la personne, infirmerie), qui sont des emplois occupés essentiellement par des femmes.
Quel sera le rôle joué par les hommes dans le monde de la deuxième moitié des années 2020 ?
A suivre -de près.
Robot labor future capitalism
Un paradis virtuel pour les 1% qui possèdent les robots (zerohedge.com/).